COMPTES RENDUS

Martin BUBER UTOPIE ET SOCIALISME

traduit de l'allemand par P. Corset et F. Girard préface d E, Levinas Paris, Aubier, 1977, 260 p.

Si sa célébrité lui vient plus de son œuvre de philosophe et d’interprête du judaïsme, Buber a toujours eu le souci de la question politique ; bien plus, sa contribution aux débats du socialisme et surtout sa contribution active et souvent orageuse au premier Congrès sioniste en 1897 le situent au premier plan de la scène politique allemande, situation qu’il concrétisera par la création des deux plus grands journaux sionistes : Die Welt en 1901 , et Der Jude en 1916, et delà revue Jüdischer Verlag en 1 902.

Dans l’essai Utopie et socialisme , paru en hébreu en 1946 et quatre ans plus tard en allemand, Buber fait à la fois une mise au point de ses idées et une tentative pour cerner l’é¬ tat de crise provoquée par le nazisme et le stalinisme. C’est une réflexion sur la dichotomie du social et du politique, dans leur opposition de nature ; au long d’une fresque dé¬ taillée, Martin Buber, lecteur fervent, mais partial, des uto¬ pistes anglais, des socialistes français et des anarchistes rus¬ ses, ami de Gustav Landauer, décrit et analyse les couples Etat/soei été civile, individu/ communauté : donnée comme une limitation du pouvoir de l’Etat tendant à le restreindre à une sorte de nécessité formelle la communauté permet à la fois la réciprocité authentique de l’individu au sein du groupe de la communauté qui est à la fois plus que la com¬ munauté de ses membres et possibilité de renouvellement de la société.

Après avoir indiqué les lettres de noblesse de la pensée utopique, et malgré le titre de l’ouvrage, Martin Buber assi¬ mile le terme «utopique» à celui de «romantique», l’un et l’autre, dans les derniers chapitres, étant toujours employés