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David Teurtrie, Géopolitique de la Russie : intégration régionale, enjeux énergétiques, influence culturelle (collection « Pays de l'Est »), 2010

[compte-rendu]

Année 2010 34 pp. 93-94
Fait partie d'un numéro thématique : Vues de Gogol
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David TEURTRIE, Géopolitique de la Russie : intégration régionale, enjeux énergétiques, influence culturelle, Paris, L'Harmattan (collection « Pays de l'Est »), 2010, 342 pages, bibliographie, isbn 978-2-296-1 1450-0.

Que reste-il de l'ancien espace soviétique ? La nature des relations entre les États qui sont nés de l'éclatement de l'URSS et la diversité des contextes sociaux, économiques et politiques à l'intérieur même de ces nouveaux États, rendent la compréhension de la situation fort complexe. Les journaux et autres médias nous apportent des informations parcellaires sur des revendications territoriales, des antagonismes culturels trouvant leur origine dans des temps très anciens ou, plus concrètement, dans la confrontation pour le contrôle des sources d'énergie et le transport du gaz ou du pétrole. La publication de l'ouvrage de David Teurtrie, dont l'un des objectifs est de montrer dans quelle mesure Г ex-ensemble soviétique reste une entité culturelle et économique plus ou moins cohérente, apparaît donc fort opportune. La structure d'ensemble de l'étude reflète l'idée maîtresse de la prédominance historique et géographique de la Russie qui est développée tout au long des quatre parties, se rapportant respectivement aux fondements géo-historiques de la puissance russe, aux alliances régionales au sein de la CEI (Communauté des États indépendants), à la dimension géopolitique de l'exportation des hydrocarbures et à la géopolitique de la langue russe. Chaque chapitre est par conséquent consacré à des aspects fondamentaux des relations présentes et passées entre la Russie et son « étranger proche » (bliznee zarubez'e). Comme le démontre Г A. avec beaucoup de clarté et de précision, les enjeux culturels sont au moins aussi importants que les « batailles » autour de l'or noir et de son exploitation. Les dernières élections en Ukraine sont à ce titre révélatrices de l'influence des divisions linguistiques sur la vie politique et économique à l'intérieur même du pays, mais aussi dans ses relations avec le grand frère russe. Bien évidemment, cet événement récent n'a pas pu être analysé par l'A. C'est peut-être d'ailleurs une des rares

faiblesses (très relative) de cet ouvrage dont les données sont destinées à « vieillir » rapidement du fait même de l'évolution de l'histoire. Mais dans le même temps, par la mise en évidence de nombreux facteurs de contradictions - le cas de la langue russe destinée à devenir une lingua franca des « Balkans eura- siatiques » est une très bonne illustration précisément de ces contradictions ou d'une forme d'ironie de l'histoire si l'on se souvient des campagnes de russification-soviétisation à marche forcée. L'A. propose une photographie qui permettra aux futurs historiens de disposer d'un tableau complet et large de la situation au début du xxie siècle. De plus, la grille de lecture proposée par l'A. peut être à chaque instant enrichie et complétée par l'actualité. Le lecteur dispose à cet effet d'une importante documentation constituée de nombreux graphiques qui apportent un éclairage au texte sans se substituer à lui. Leur complémentarité apparaît indispensable à la compréhension des bouleversements et revirements d'alliances qui se produisirent en particulier entre les périodes Eltsine et Poutine. Les cartes des « oléoducs et gazoducs d'exportation » ou des « exportations des ressources de la Caspienne » illustrent fort logiquement les propos sur le « Nouveau grand jeu ». La formule empruntée au roman Kim (1902) de Rudyard Kipling qui « désignait la lutte entre les empires britannique et russe pour le contrôle des régions s 'étendant du Caucase jusqu'au Tibet en passant par l'Iran et l'Asie centrale » est adaptée par l'A. à l'opposition actuelle entre la Russie et les USA. Si l'expression est reprise en raison de son caractère imagé, l'analyse des répartitions des sphères d'influence et des domaines d'intérêt dépasse largement une vision bipolaire qui serait limitée à une opposition « Russie-USA ». À cette occasion, comme dans l'ensemble de l'ouvrage l'A., qui exploite avec pertinence ses compétences de géographe et de slavisant, évite toute forme

LA REVUE RUSSE 34, Paris, 2010.

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