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Le Glossaire de Bâle, éd. Menahem Banitt

[compte-rendu]

Année 1974 17-68 pp. 363-365
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COMPTES RENDUS

Le Glossaire de Baie, éd. Menahem Banitt. Jérusalem, Acad. nat. des Se, 1972, 2 vol. 40, xvi-194 et XIH-440 pp. (« Corpus glossariorum biblicorum hebraïco-gallicorum medii aevi », I) .

Dans une étude publiée il y a plus d'un siècle1, l'illustre lexicographe A. Darmesteter signalait l'existence des glossaires bibliques juifs du moyen âge dont il donnait une description brève mais précise, et il leur accordait — pour la première fois — la place qu'ils méritent à juste titre.

Ces glossaires, tombés depuis longtemps dans un oubli profond, sont eu effet des recueils de traductions en français des mots hébraïques difficiles figurant dans le texte biblique. En général ces glossaires (nous employons cette appellation faute d'un terme plus heureux) sont disposés en trois parties contenant, la première le mot hébreu tel qu'il figure dans le verset biblique (le lemme), la seconde la traduction en caractères hébraïques — celle-ci est dite glose (la'az en hébreu), — enfin suit toujours en hébreu soit un verset où figure le même terme ou la racine du même terme pris dans la même acception, soit une note explicative, soit les deux. C'est ainsi que dans le Glossaire de Baie2 le mot hébreu m *n j ? (kadntt), tiré d'ISAÏE, L, 3, constitue le lemme, sa traduction ' ?t"*'j*, (— nèrtè — noirceur) constitue la glose, et le tout est accompagné d'une note explicative et complémentaire □1>BW mp 3 (= comme « Kt les cieux sont obscurcis», JÉRÉmie, IV, 28). Ces glossaires dont six nous sont parvenus en grande partie bien conservés et les autres à l'état de fragments, reflètent un écho lointain d'une vie intellectuelle florissante dont jouissaient les Juifs au cours du moyen âge. I,es persécutions atroces, voire funestes, qui sévissaient contre eux ne pouvaient mettre fin à l'enseignement biblique et talmudique qui trouva son expression dans l'exégèse répétée et discutée. Ces fragments de parchemin constituent pour ainsi dire la pierre tombale de la culture juive médiévale dont le plus célèbre représentant fut le rabbin de Troyes Salomon Itshaki, connu dans le monde juif sous le nom de Raschi.

Bien que sommaires, sinon laconiques, par rapport aux grandes œuvres exégétiques du moyen âge, les gloses et les glossaires — issus des notes d'élèves qui avaient étudié tel ou tel livre, ou groupe de livres, auprès de tel ou tel rabbin, auxquelles furent ajoutées postérieurement des scolies d'autres élèves, — peuvent contribuer à l'histoire de l'herméneutique juive médiévale en France. Certes, ces fragments épars et disparates ne pourront égaler les exégèses monumentales de Raschi et de ses disciples, néanmoins ils peuvent fournir des témoignages précieux en ce qui concerne l'enseignement au niveau le plus élémentaire. Mais l'importance et la valeur de ces glossaires dépassent bien les limites étroites de l'exégèse biblique, en effet ces mss. hébraïques, parsemés de ponctuations et de signes diacritiques, constituent un apport aussi unique que rare pour les romanistes et les spécialistes de l'ancien français.

Parmi les témoignages les plus originaux et les plus intéressants pour l'histoire de la phonétique, on compte les transcriptions en langue étrangère. I^a différence des systèmes phonétiques et l'effort déployé afin de combler cette différence offrent de précieuses indications relatives à la prononciation de la langue ainsi transcrite. On comprendra aisément que plus la différence entre les deux langues est grande, plus la possibilité de reproduire les sons et de déterminer leur valeur phonétique au moment de la transcription est considérable.

Or, la différence radicale qui sépare les alphabets hébreu et français peut jeter une lumière nouvelle sur le domaine énigmatique de la prononciation du français médiéval. I,e fait, non négligeable, que les textes en question soient ponctués et accompagnés de signes diacritiques — ce qui n'est pas toujours le cas

r. A. Darmesteter, Gloses et glossaires hébreux-français du moyen âge, « Romania », I, 1872, p. 146-176.

2. Glossaire de Bâle, leiume 10048.

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