Couverture fascicule

Lautier (Bruno), de Miras (Claude), MORICE (Alain). - L’État et l’informel. - Paris, L’Harmattan, 1991

[compte-rendu]

Année 1992 46 pp. 167-168
Fait partie d'un numéro thématique : L'Histoire face au politique
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Lautier (Bruno), de Miras (Claude), MORICE (Alain). — L’État et l’infor¬ mel. — Paris, L’Harmattan, 1991,

211 p.

L’ouvrage de Lqjitier, de Miras et Morice est aussi modeste dans sa pré¬ sentation qu’ambitieux dans ses inten¬ tions. Serions-nous, sur un thème à la mode, sur le point de sortir d’un brouil¬ lard idéologique opaque ?

A partir de terrains latino-américains et africains qu’ils connaissent bien, les auteurs montent sans complexe à l’assaut d’une imposture : le «secteur

informel ». Fonctionnant comme un exorcisme devant la faillite des politi¬ ques de développement, cette «mar¬ chandise symbolique » se vend bien, très bien même.

L’ouvrage ne se conclut pas par des propositions normatives. L’enrichisse¬ ment qu’il apporte n’en est pas moins décisif sur trois plans.

Dans le champ économique où l’on a coutume d’enfermer l’informel, l’équi¬ voque est complète. Présenté comme un creuset pour les nouveaux entrepreneurs du Tiers monde, l’informel ne fonctionne-t-il pas plutôt comme instru¬ ment de dévalorisation de la force de travail et comme masque au sous-emploi ? Est-il le lieu de formation par excellence ou un moyen pour l’État de former les jeunes à bon compte ?

L’attention soutenue portée au sec¬ teur informel s’est accompagnée d’un glissement des politiques du projet déve-loppementiste au soulagement de la pau¬ vreté. L’accent mis sur ce nouvel impé¬ ratif humanitaire s’est lui-même déplacé de la figure catholique (on aide les pau¬ vres par charité) à la figure calviniste (on favorise l’épargne besogneuse et l’émergence de self-made-men aussi habiles qu’économiquement vertueux).

Mais la contribution la plus nova¬ trice du livre réside dans l’analyse du rapport entre l’Etat et l’informel alors que la «performance » la plus remar¬ quable des approches conformistes est certainement l’évacuation de la dimen¬ sion politique. Dans le Tiers monde, l’État est autre que celui qui sert de réference implicite à ceux qui veulent à la fois déréglementer et «formaliser l’informel ». Loin d’être une maladie ou un quelconque symptôme de retard, le non-respect de la loi renvoie à un mode de fonctionnement complexe et cohérent des sociétés dépendantes. Ce qui est dans et hors la loi se sont constitués ensemble et en symbiose. Dans ce mode de fonctionnement où la loi est en quel¬ que sorte un produit de l’informaüté, les redistributions occultes prennent le pas sur le contrat, la précarité l’emporte sur la stabilité et la surenchère des par¬ ties sur la règle du jeu immuable. La boucle est bouclée avec la mise en évi¬ dence des relations étroites entre cet

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