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Revue d’histoire de la pharmacie, LXVII, N° 402, Juin 2019, 255-270. L’éducation thérapeutique du patient
à l’officine :
retour sur un siècle de pédagogie
par Cécile Raynal*
G râce à ses compétences reconnues et à sa disponibilité, le pharmacien d’officine est un acteur de proximité majeur en matière de santé publique. Ce rôle a été officiellement reconnu le 21 juillet 2009 avec la publication
de la loi Hôpital Patient Santé Territoire (HPST) qui précisait : «Les pharmaciens
d’officine peuvent participer aux actions d’éduction thérapeutique et aux actions d’accompagnement de patients. » Si cette mission d’éducation thérapeutique du patient (ETP) est légalement autorisée depuis moins de dix ans, les pharmaciens ont toutefois, depuis bien plus longtemps, vulgarisé leurs connaissances et aidé les malades dans la compréhension des soins en général. Nous allons montrer ici comment s’est organisée, au fil du temps et des aléas historiques, la mission d’éducateur du pharmacien d’officine. Nous ne traiterons que du cas de la France, tout en gardant à l’esprit que cette histoire s’inscrit dans celle, bien plus large, de l’éducation sanitaire internationale1. Nous verrons que
les divers glissements sémantiques («propagande sanitaire » , «éducation sanitaire » , «promotion de la santé » , «éducation thérapeutique du patient » )
témoignent de multiples changements intervenus dans les pratiques d’accompagnement du patient et rythment les étapes de cette évolution. Les moyens de transmission des savoirs à l’officine vont eux aussi changer au fil du temps, ainsi que les manières de les transmettre (de verticales et directives,
Cet article a fait l’objet d’une communication le 25 avril 2018 à l’occasion du Congrès du Comité des
travaux historiques et scientifiques (CTHS) de Paris qui avait pour thème «La Transmission des savoirs » .
* 9 chemin du Chancelier-Séguier, 78620 L’Étang-la-Ville ; cileray@ sfr. fr
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