Thèse soutenue

« Les voix du rétablissement » : sociologie politique des groupes de parole, le cas des Outremangeurs Anonymes

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Auteur / Autrice : Juliette Froger-Lefebvre
Direction : Pascale Laborier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 13/10/2020
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Laurie Boussaguet
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Laborier, Laurie Boussaguet, Janine Barbot, Lilian Mathieu, José Luis Moreno Pestaña, Jean-Pierre Poulain
Rapporteurs / Rapporteuses : Janine Barbot, Lilian Mathieu

Résumé

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Cette thèse analyse le processus d’institutionnalisation de groupes de parole consacrés aux personnes souffrant de troubles alimentaires, se réunissant sans médiation médicale, les Outremangeurs Anonymes (OA). Pris dans un marché thérapeutique dominé par l’offre psychiatrique spécialisée, légitimée par les institutions et les politiques publiques destinées à lutter contre l’obésité d’un côté et l’anorexie et la boulimie de l’autre, les OA proposent un modèle de soins fondé sur la tradition religieuse évangélique et l’individualisme thérapeutique. Ouverts à tous, même sans diagnostic médical, ils captent la population résiduelle en marge de la prise en charge institutionnelle. Très hétérogène, la composition des groupes dévoile les conditions sociales de la reconversion, ainsi qu’une hiérarchisation des membres selon leur appartenance sociale d’origine. Entreprise de distribution de biens de salut et de santé, ils sont créés aux États-Unis dans les années 1960 et importés en France en 1983, via l’émergence de cheffes charismatiques, garantes de la tradition. Entre dénonciation de la domination du savoir médical et réappropriation des représentations légitimes, ils entretiennent une position ambiguë, caractéristique de leur hétéronomie, travaillant paradoxalement à leur reconnaissance vis-à-vis des médecins et des pouvoirs publics, tout en conservant une forme d’activisme thérapeutique.