Couverture fascicule

H. Cixous, Préparatifs, Édition des Femmes

[compte-rendu]

Fait partie d'un numéro thématique : Mouvements
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H. Cixous PRÉPARATIFS Édition des Femmes

Qui prend perd sa/ma respiration : rythme rythme un souffle et je vis vibre au rythme de ce texte corps meurtri ou retrouvé cœur noyé ou arrimé. Texte-femme ça semble me couler dessus et dedans comme de source. L’être de chair et de mots vomit jaillit sa logorrhée sans fin son drame sa passion aussi. Envolée.

PRÉPARATIFS reprend à son début, premiers pas première plume peine si lourde si légère, ce qu’ ANGST avait com¬ mencé : la descente aux enfers. Ici présent toujours le gouffre son vertige son appel : «Il y a des questions qui t’amènent tout au bord de l’abîme »

et c’est l’image de nous-la femme prise encore dans la loi, l’a-amour, l’amur, femme enclose et emmurée, femme folle qui habite un pays où personne ne parle.

Où est-elle cette elle d’elle perdue cette elle si frêle et sans centre précipitée hors d’elle-même et qui ne sait revenir en elle.

C’est traversée de nous quand si proche s’approche encore morte la mort. De part en part ce savoir et son vide «Tu tueras tu te tueras » dit la voix dans ANGST castra¬ tion : là l’écriture travaille au plus près à la fois objet et adversaire des mauvaises pul¬ sions.

Ombre donc de la femme blessée qui sanglante sanglotante arrive à dire — une histoire, nôtre ; qui piétine une scène, même.

Déchirure : «aimer l’amour plus que tout autre » dit H. Cixous, aimer oui car c’est elle et son rêve d’harmonie c’est elle

l’hystérique au langage qui file : méto¬ nymie de l’écrit.

Dans PRÉPARATIFS celle qui meurt d’affectif en naît. Donc aimer l’autre cer¬ tes mais «la grande mer intérieure », l’autre du sens et du sexe, la femme, «le corps d’une femme, ta mère mentale née de ta croyance » c’est cela l’esprit de fem¬ me, sa voix. Voix du sang qui remonte au loin, voix de la mère non plus d’angoisse, de mort, comme dans ANGST, mais voix de l’amour au féminin peint en bleu comme dans les tableaux des peintres pri¬ mitifs italiens. «Travaille, halluciné, crée fais ta mère » dit-elle car elle poursuit ce rêve d’une mère maternelle et retrouvée, loin de l’amère phallique, initiatrice du masculin, livrée à ses valeurs, son pou¬ voir, son langage, volée de tout.

H. Cixous de même que beaucoup d’é¬ crivaines cherche l’autre rapport, l’autre langue aussi qui lui permettra d’écrire de son corps, de renouer tous les fils perdus cassés, de se représenter enfin. Forme et retour. Elle symbolise le sexe féminin dans l’échange entre femmes, dans la re¬ lation au corps maternel imaginaire et nourricier. Elle essaie de rencontrer ce nom de nous et au besoin le crée. Image de F autre ma mère ma fille ma sœur, quel¬ le n’a pas fait le rêve clandestin ? Ce para¬ dis cette terre promise que tente de saisir H. Cixous existe-t-il ailleurs que dans l’imaginaire ; est-il souhaitable, ou sim¬ plement possible, ce nouvel âge d’or ?

A l’intérieur du texte lui-même, s’ou¬ vre, de toute façon un accès à la parole, au dialogue car l’écriture qui s’y parle à la première personne dit aussi le sujet, l’elle en procès. Briser la terreur effrayer crier écrier jusqu’à se dire. Dire la vérité, la regarder (ANGST) pour pouvoir ensuite créer, trouver la nouvelle langue, et le nouvel amour.

PRÉPARATIFS DE NOCES AU DE¬ LA DE L’ABIME, début d’un chant, étrange, captivant, un chant de femme, la vivante, qui prépare ces noces ces retrou¬ vailles avec elle-même et avec elle-son autre : «Appelez moi... Faites moi venir faites moi venir toutes à vous. . . »

On a le droit de rêver, d’en rêver de bonheur mes amantes.

Sylvie Fabre