L’INSTRUCTION PUBLIQUE DANS L’AUDE

PENDANT LA RÉVOLUTION

L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

I. — Coup d’oeil sur l’instruction primaire avant 1789

La grande différence entre l’enseignement primaire, depuis et avant la Révolution, a été signalé bien des fois : l’un est national, l’autre ne l’était pas. Les gouvernements de l’ancien régime pro¬ fessaient pour l’instruction populaire une indifférence systéma¬ tique. Au contraire, la sollicitude profonde autant qu’active de l’État pour l’éducation des enfants, la réglementation de l’énsei-gnement et de ses méthodes, tels sont à la fois le caractère et le but du mouvement révolutionnaire. Puisque la transformation politique avait déplacé la souveraineté et l’avait fait passer du roi et des ordres privilégiés au peuple, — selon le langage de l’époque, — . il fallait que ce nouveau souverain fût apte à se diriger lui-même, éclairé et compétent : c’est pourquoi le problème de l’instruction populaire a été l’une des plus importantes préoccu¬ pations des assemblées politiques de la période révolutionnaire..

Ce souci paraît déjà dans les cahiers des députés envoyés aux États-Généraux. Pour s’en tenir à ceux de la région devenue le département de l’Aude, le tiers-état de Gastelnaudary demande là «reforme » de «l’éducation publique (1) ». Celui delà sénéchaussée de Limoux souhaite, «un meilleur enseignement public en mul¬ tipliant et en reforma'nt les écoles et augmentant les revenus de celles qui n’en ont pas de suffisants par la reunion de quelques benefices (2) ». La noblesse même de Gastelnaudary formule un vœu analogue et emploie cette expression de «nationale » qui a paru caractériser l’œuvre révolutionnaire en matière d’école. «Une bonne education étant le principe et le développement des vertus, les députés demanderont qu’on s’occupe d’établir une education nationale (3). »

Si l’on entre dans le détail, les différences seront plus mar-