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Comité de documentation historique de la marine : Communications 1990-1991

[compte-rendu]

Année 1994 304 p. 364
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COMITÉ DE DOCUMENTATION HISTORIQUE DE LA MARINE : Communications 1990-1991. — Vincennes, Service historique de la Marine, 1992. — 24 cm, 153 p., ill, croquis, cartes.

Nécessairement variée, voire disparate, cette collection de dix communications dues à des auteurs appréciés dans le domaine de l'histoire maritime n'intéresse pas dans toutes ses parties les spécialistes de l'outre-mer, mais les deux domaines se côtoient souvent et parfois se complètent. Il n'est pas inutile à l'historien des colonies de savoir exactement ce qu'était une caronade et les domaines de l'utilisation de cette pièce légère à bord ou à terre (J. Boudriot), « Les batteries flottantes en Crimée » (Yannick Guiberteau) ; « L'état-major Atlantique » (C.A. Bernard Favin-Lévèque) ; « Les réflexions sur la guerre du Golfe Iran-Irak, 1980-1987 » (Jean Ducros) ; « Sociabilité normande et généralat maritime au XVIIe- XVIIIe » (Michel Vergé-Franceschi) sortent des limites de nos recherches habituelles. « Béveziers, ou l'apogée d'une flotte », d'Etienne Taillemite, offre un remarquable raccourci sur la grande politique navale de Colbert, Seignelay et Louis XIV ; et ses conclusions, qui vont bien au-delà des problèmes du Grand Siècle, ne sauraient nous laisser indifférents.

Enfin quatre communications apportent une contribution plus substantielle à nos yeux. Je passe sur celle de Geneviève Salkin-Laparra, « Portraits et carrières de nos attachés navals (1860 à 1914). C'est le condensé de son livre Marins et diplomates, déjà analysé ici (n° 296, 3e trim. 1992, p. 408). On retiendra plutôt Philippe Haudrère, « La Bourdonnais, une fortune malouine », où l'auteur insiste sur le caractère malouin, l'esprit corsaire, qui expliquerait à la fois les succès, les échecs et la disgrâce du héros de Madras. Fortement marqué par l'influence de son milieu marin et commerçant, il n'a pas su se plier aux règles, volontés et caprices des bureaux, ni saisir les vues d'expansion territoriale hégémonique en Inde de Dupleix. Dans « La marine française en mer Rouge pendant la Première Guerre mondiale », le C.A. Henri Labrousse montre la modeste contribution française à la défense du canal de Suez et de ses abords, par une escadre disparate sollicitée aussi par la protection de Djibouti et des relations avec Madagascar : illustration des déboires ici sans frais, sinon sans craintes, auxquelles la politique coloniale expansionniste de la France d'avant 1914 exposait une marine en déclin.

Enfin, le C.A. Maurice Dupont, dans « Le départ de l'expédition de D'Entrecasteaux », expose les difficultés que la Révolution à ses débuts opposa à la poursuite des grands projets maritimes de Louis XVI. L'émigration, la désorganisation des arsenaux (ici, Brest), les politiques et sociales n'ont pas facilité la mise en partance le 28 septembre 1791 des gabares La Recherche et L'Espérance. Plus facile a été le recrutement de leurs états-majors où les noms de Bruni d'Entrecasteaux, Huon de Kermadec, Willaumez et Beautemps-Beaupré montrent qu'il restait encore des cadres de valeur, sans parler des savants, pour désirer participer à la recherche de La Pérouse, même sur des bâtiments devant lesquels Sané faisait la grimace... Il faudra attendre dix ans pour que l'expédition de Nicolas Baudin et Freycinet, marquée par un succès exemplaire, fasse oublier les multiples déboires de l'entreprise de D'Entrecasteaux. Mais ses acquis géographiques, cartographiques et scientifiques ne furent pas négligeables.

Pour conclure, on aimerait dire que les historiens de l'outre-mer ne doivent pas ignorer ou négliger les publications, livres, revues, du Service historique de la Marine : ils y trouveront de plus en plus de bonnes choses à retenir.

Yves SAINT-MARTIN