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L’embryon. Formation et animation. Antiquité grecque et latine, tradition hébraïque, chrétienne, et islamique. Édité par Luc Brisson, Marie-Hélène Congourdeau, Jean-Luc Solère

[compte-rendu]

Année 2011 109-1 pp. 213-215
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L’embryon. Formation et animation. Antiquité grecque et latine, tradition hébraïque, chrétienne, et islamique. Édité par Luc Brisson, Marie-Hélène Congourdeau, Jean-Luc Solère (Histoire des doctrines de l’Antiquité classique, 38). Un vol. de 290 p. Paris, J. Vrin, 2008. Prix : 32 €. ISBN 978-2-7116-1957-3.

La question de la formation et de l’animation de l’embryon a bien entendu retenu l’attention des philosophes et des savants depuis la haute Antiquité. Dans le contexte de la philosophie grecque, deux conceptions dominantes vont se disputer les suffrages : la théorie dont Aristote fut parti¬ san (mais qui remonte à Anaxagore et Diogène d’Apollonie), selon laquelle seul le père est porteur de semence, tandis que la contribution maternelle à la constitution de l’embryon se ramène à fournir la matière (le sang mens¬ truel) destiné à être informé par la semence paternelle et la théorie d’Hippo¬ crate et de Galien défendant l’idée d’une double semence, masculine et fémi¬ nine, qui se mêlant l’une à l’autre, engendrent l’embryon. Ce clivage est le plus fondamental, mais nous en trouvons d’autres : peut-on parler de l’em¬ bryon comme d’un être vivant, d’un animal en acte avant la naissance, ou est-ce seulement au moment de la naissance qu’on peut s’exprimer en ces termes ? D’autres questions, toujours actuelles, préoccupent les curieux : combien de temps dure une gestation ? A partir de quel moment un fœtus est-il viable ? etc.

La position d’Aristote défend l’idée d’une maturation progressive de la semence. Le fœtus, l’embryon proprement formé, ce qui survient après 40 jours pour le garçon et 90 pour la fille, étant capable de mouvement et de sensation mérite de ce point de vue le nom d’animal, mais d’autre part il dépend fondamentalement d’un autre être et manque donc de ce point de vue de l’autonomie nécessaire pour en faire un animal en acte à part entière. Les stoïciens défendent l’idée que le fœtus n’a le statut que d’un végétal, fruit du ventre maternel. Le souffle qui le meut n’est pas encore une âme : c’est seu¬ lement au moment de la naissance, où le pneuma fœtal est frappé par le froid de l’air extérieur qu’il se transforme en âme proprement dite : ce stade ultime est d’ailleurs précédé par un épurement progressif du pneuma, le rapprochant progressivement de la perfection qui doit être la sienne pour subir cette méta¬ morphose au moment de l’accès du fœtus à l’air libre. Porphyre, dans un traité intitulé Ad Gaurum qui lui est présentement attribué, défend que le fœtus ne devient un être vivant que quand l’âme animale lui est conférée du dehors au moment de la naissance.

Ces théories philosophiques vont entrer en confrontation et en dialogue avec les doctrines des religions du livre, pour lesquelles le statut de l’embryon, fondé sur le pouvoir créateur de Dieu qui donne la vie, possède évidemment

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