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Soëtard (Michel). - Qu'est-ce que la pédagogie ? Le pédagogue au risque de la philosophie

[compte-rendu]

Année 2002 139 pp. 171-173
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SOËTARD (Michel). - Qu'est-ce que la pédagogie ? Le pédagogue au risque de la philosophie. Paris : ESF éditeur, 2001. - 122 p.

C'est un livre assez bref mais d'une grande importance, écrit avec beaucoup de sûreté et de clarté, que propose Michel Soètard, professeur de philosophie de l'éducation et d'histoire de la pensée pédagogique à l'Université Catholique de l'Ouest.

Après notamment La pédagogie entre le dire et le faire de Philippe Meirieu (ESF, 1995), les travaux de Jean Houssaye et ceux qu'il a coordonnés (en particulier La pédagogie: une encyclopédie pour aujourd'hui, ESF, 1993, et Questions pédagogiques. Encyclopédie historique, Hachette, 1999), les articles rassemblés dans le n° 120 (juillet-septembre 1997) de la Revue Française de Pédagogie (« Penser la pédagogie »), le livre de Michel Soètard contribue d'abord à camper le paysage, à situer et à penser l'espace propre de la pédagogie par rapport à celui de la philosophie et à celui des Sciences de l'éducation.

La pédagogie emprunte à la philosophie ce qui la caractérise depuis son origine grecque, la visée de l'universel. Mais la réalité concrète de cette visée ne peut être produite qu'à partir de la singularité de chaque existence en devenir: la pédagogie est une pensée du devenir - humain. L'universel n'« est pas », ni comme concept ni comme réalité empirique. C'est un horizon ouvert pour

l'homme en tant qu'être « raisonnable et fini », selon les mots de la Critique de la raison pratique. Il n'est donc pas donné, ni comme une finalité naturelle, ni comme une finalité sociale, mais il faut se décider pour lui « sous le principe explicite et affirmé de liberté » (p. 119) qu'a dégagé l'époque moderne. Car « l'originalité de la situation », c'est que l'homme doit désormais répondre librement de sa liberté : « l'universel, il lui appartient désormais de le construire sur sa liberté » (p. 11-12). C'est pourquoi « la naissance de la pensée pédagogique, comme celle de la pensée politique moderne, a une date qui lui ouvre un champ autonome » (p. 14).

Michel Soëtard ne reprend donc pas la façon dont se sont nouées les réflexions entre la philosophie et la pensée de l'éducation depuis le débat socratique, puis platonicien, avec la Paideia sophistique. Il peut circonscrire, pour la radicaliser, la discussion « dans un cercle marqué de trois noms : Rousseau, Kant, Pestalozzi » (p. 13) parce que, pour eux, c'est justement la liberté qui est le paradigme central.

Mais qu'est-ce que la liberté ?

On pourrait dire en simplifiant que l'autonomie est la pensée de Vabsolu de la liberté. C'est la capacité de penser, de juger, de décider, d'agir à partir de soi-même (ce qui ne signifie nullement que l'on soit pour autant isolé ou séparé des autres, bien au contraire), et de se reconnaître comme responsable de ses actes. Mais c'est pour chacun singulièrement, à partir de sa propre « primitivité » comme le dit Kierkegaard, et des conditions sociales dans lesquelles il vit, que la liberté doit trouver son chemin concret. Le sens est ce qui accomplit et étend la liberté dans l'existence humaine, ce qui porte cette existence en avant et au-delà d'elle-même. Michel Soètard est très attentif à la distinction, d'inspiration kantienne et mise en lumière par Eric Weil, entre « sens et fait » (p. 21). Les faits, y compris, pour Kant, la science, et même ce « fait de la raison » qu'est l'existence de la loi morale et de la liberté en l'homme, n'ont pas de sens en eux-mêmes, mais seulement par rapport à l'intérêt fondamental que nous avons pour notre dignité. C'est pour cela que la liberté, le devoir, ne sont nullement pour Kant des « entités métaphysiques », mais des idées « formelles », c'est-à-dire des exigences, comme l'idée « vraiment formelle » de « former l'homme de l'homme » chez Rousseau (p. 102, n. 5). Il ne s'agit pas d'idées « vides ». Les idées formelles donnent sens au devenir - libre, c'est-à-dire à ce que Pestalozzi nomme, au titre de « fin » de l'éducation, l'« ennoblissement » (Veredelung) de l'homme dans son devenir concret.

La distinction entre « fin » de l'éducation, et « finalités » qui seraient inscrites dans la nature ou socialement

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