FRANÇOISE ROUAN et BENOÎT SOUROU

Les migrants turcs de France : entre repli et ouverture Pessac, Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, 2006, 241 p.

L'immigration turque en France est géné¬ ralement considérée comme très spécifique et réputée difficile à étudier parce que «fermée» et traditionaliste. Au sein de l’historiographie de l'immigration, les études à ce sujet sont d'ailleurs récentes et encore assez rares. Alors que le cas des Turcs est souvent «perçu comme une marginalisation du groupe social par lui-même [et] interprété par les acteurs du monde politique et social comme un mode de relation quasi pathologique à la société française», l'ouvrage entend donner des clés pour com¬ prendre l'attitude de ces migrants. Conformé¬ ment aux compétences respectives des deux auteurs, l'approche combine une perspective géographique -soit l'étude socio-démogra¬ phique d'ensemble de la colonie turque en France enrichie d'éléments de comparaison avec d’autres populations telles que les Portu¬ gais ou les Maghrébins -à une anthropologie de l'immigration dans le fil revendiqué de l'ɬ cole de Chicago. Celle-ci privilégie le point de vue des intéressés, c'est-à-dire le discours des migrants eux-mêmes, et fait porter l’attention sur les processus adaptatifs et les change¬ ments culturels. Le terrain ethnographique concerne l'Aquitaine, plus précisément les milieux associatifs communautaires de la capitale girondine. À travers la population immigrée en France, le but est donc d’étudier la façon dont s'élabore l'identité turque en situation migratoire. La problématique touche au degré de fermeture ou d'ouverture de la communauté migrante à l’égard de la société française et plus généralement de l'Occident, mais aussi à l'égard de l'État d’origine.

La première partie revient sur les princi¬ paux indicateurs du «repli turc». Une immi¬ gration d'origine rurale, issue des régions les