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Le feuilleton des Sorcières : La femme à la voilette, 5e épisode

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Année 1981 22 pp. 158-159
Fait partie d'un numéro thématique : Sorcelleries
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LE FEUILLETON DES SORCIERES

La femme à la voilette

5 e épisode

Désormais sans fil conducteur, Annie, jetée, déjetée et rejetée, risqua sa perte et suivit le premier taste-vin venu. Or donc, elle s’égara dans les caves d’Albertine la Rouge dont elle ignora le nectar aux vertus pourtant insolites. «Ça sent la vinasse, on se croirait en mai 68 ! » s’exclama notre béotienne. Hélas, dix ans étaient passés et bien des choses avaient changé... Franklin R. le taste-vin avait beaucoup de chagrin : rappelons pour mémoire à nos fidèles lectrices le célèbre appel de Franklin R. lancé le 18 juin 68, «Ethyliques de tous les pays, unissez-vous », et qui n’avait intéressé personne. Franklin n’avait pas eu de nez (d’ailleurs il était sourd), il souhaitait la révolution éthylique mais n’avait pas prévu l’ Eroti¬ que et la Politique. Que faisait Annie avec ce poivrot révisionniste ? Nous vous le demandons. (La date limite d’envoi des réponses est fixée à la fin des vendanges.)

Foin de ce fatras buco-alcoolique. Suivons plutôt notre héroïne dans le dédale de son errance solitairement assumée. Ayant abandonné le premier venu elle était maintenant prête à s’ouvrir aux nouvelles. Descendant les flots tumultueux du Rhône, elle rencontra une barque chargée de vendangeuses, toutes voiles dehors, et qui, par l’élan irrésistible d’une force neuve qui se mettait au monde et inven¬ tait à chaque instant les formes futures de ses gestations, remontait les courants. Apercevant Annie sur son frêle esquif, elles la hélèrent :

— «Hé ! hé ! hé ! où vas-tu belle elle sur ton frêle esquif ? »

— «Au fil du courant je me meus sans maître. Et vous à contre courant, d’où vient votre élan ? »

— «Rejoins notre vaisselle (cf . note) et nous t’en compterons de belles. »

Récit des vendangeuses

«Depuis longtemps déjà nous avions bien senti que couper leurs grappes n’était pas notre trip malgré ce que d’aucuns voulaient nous faire accroire et, entre les rangées infinies de ceps tricentenaires, les langues allaient bon train. N’avoir pour horizon que nos pieds et les leurs finit par élargir notre vision. Ce que nous regardions chaque jour nous apparut alors irregardable et ce que nous entendions,

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