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Page 231

M. Pétion de Villeneuve. L’ouvrage que l’on vient de vous lire est immense ; il contient l’organisation entière de nos colonies, régime intérieur, régime extérieur, lois réglementaires, et je ne crains pas de le dire, il n’est personne dans l’Assemblée, autre cependant que ceux qui ont participé à la rédaction de ce travail, qui puisse, avec la moindre connaissance de cause, y donner son adhésion, car pour nous, nous ne îe connaissons pas.

Je suppose que les colonies les admettent telles qu’elles sont rédigées, l’Assemblée se trouvera engagée, puisqu’on aura adopté son propre ou¬ vrage. On y dit bien que les hommes de couleur sont citoyens actifs, mais on n’y dit pas qu’ils sont éligibles. Je demande donc, qu’afin de savoir à quoi ces instructions nous engagent, elles soient imprimées et discutées avant d’être envoyées dans les colonies.

M. l’abbé Grégaire. Il est bien évident que l'Assemblée nationale ne peut pas, d’après une simple lecture, envoyer dans les colonies cette espèce d’encyclopédie législative. 11 est pressant d’envoyer des forces pour assurer l’exécution du décret "sur les hommes libres de couleur. Je demande...

M. ILavie. Vous avez envie de mettre le feu dans les colonies... {Murmures.) Vous, évêque, ministred’un Dieu de paix, vousêtesunboutefeu... (Bruit). Vous perdrez les colonies, Monsieur, par vos discours et par vos écrits. (Bruit.)

La majorité du côté gauche rappelle à grands cris M. Lavie à l’ordre.

M. l’abbé Grégoire. Puisqu’on m’interrompt d’une façon si malhonnête...

M. Cigougne. C’est une calomnie !

M. Lavie. C’est une vérité !

M. l’abbé Grégoire. Je n’ai jamais prêché aux colonies que la soumission à la métropole, et je ne sais pas si les colons en font autant.

Après avoir appuyé de toutes mes forces le décret que vous avez rendu en faveur des gens de couleur, j’ai cru entrer dans les vues de l’As¬ semblée en adressant aux gens de couleur une lettre par laquelle je les engage plus que jamais à resserrer les liens qui les unissent à la France. Je défie à quelqu’un de bonne foi de voir dans celte lettre autre chose qu’une intention pure et sincère d’attacher les gens de couleur à la mère patrie. J’en appelle à votre témoignage, puis¬

qu’elle a été distribuée à tous les membres de l’Assemblée nationale (1). (Applaudissements .)

Après avoir exposé ce fait, je demanderai qu’on vous représente la lettre de M. de Gouy d’Arsy, par laquelle il a Pair d’émettre son dernier cri de désespoir.

Qu’il me soit permis actuellement de lire 4 li¬ gnes de cette lettre qu’on me reproche, puisque j’ai été inculpé d’une manière indécente et calom¬ nieuse.

M. ILavie. C’est une vérité ! (Murmures.)

Plusieurs membres : A l’ordre, Monsieur Lavie ! C’est un calomniateur !

M. Gombert. Monsieur Lavie, vous êtes un vil et intéressé calomniateur !

M. l’abbé Grégoire. Voici, Messieurs, les derniers mots de ma lettre :

«Religieusement soumis aux lois, inspirez-en l’amour à vos enfants ; qu’une éducation soignée développant leurs facultés morales prépare à la génération qui vous succédera des citoyens ver¬ tueux, des hommes publics, des défenseurs de la patrie.

«Comme leurs cœurs seront émus, quand les conduisant sur vos rivages vous dirigerez leurs regards vers la France en leur disant : Par delà ces parages est la mère patrie ; c’est de là que :œnt arrivés chez nous la liberté, la justice et le bonheur ; là sont nos concitoyens, nos frères et nos amis ; nous leur avons juré une amitié éter¬ nelle. Héritiers de nos sentiments, de nus affec¬ tions, que vos cœurs et vos bouches répètent nos serments ; vivez pour les aimer, et, s’il le faut, mourez pour les défendre. » (Vifs applau¬ dissements.)

M. de Foîlevilte. C’est un mandement et et une usurpation d’un évêque de département pour faire ia Constitution.

M. le Président. A l’ordre, Monsieur 1 II n’y a point là de mandement.

M. Fa vie. Lisez donc le haut de la page 9 (2).

Plusieurs membres : Nous l’avons lu.

M. l’abbé Grégoire. Après en avoir haute¬ ment appelé à l’opinion publique de la pureté de mes sentiments, je conclus en demandant que l’on se hâte de faire partir au plus tôt pour les colonies et votre adresse, et votre décret, et les commissaires ; et, si on ne juge pas à propos de faire droit à la pétition de la ville de Bor¬ deaux, je demande qu’on la renvoie au plus tôt au ministre de la marine afin que, sur sa respon¬ sabilité, il assure la tranquillité et l’exécution du décret. (Applaudissements à gauche.)

M. llalouet. Je ne crois pas qu’il se trouve un ministre aussi hardi que le préopinant pour, sur sa responsabilité, vous garantir la paix dans les colonies. Il est sans doute bien fâcheux pour les colonies d’avoir été depuis trop longtemps travaillée par le zèle apostolique...

(1) Voyez cette lettre ci-après aux annexes de la séance, page 232.

(2) Voyez ci-après, aux annexes de la séance, p. 234, lre colonne, le passage de la lettre de l’abbé Grégoire, commençant par ces mots : «Elle est bien étrange. . . »

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