EDITORIAL

Ces dernières années la REMI s'est peu intéressée aux migrations internationales dans le monde latino-américain. Pourtant le tout premier numéro en 1985, comportait un texte sur les Haïtiens en Guyane (') et un des premiers dossiers thématiques, en 1986, portait comme titre "Amériques" (2). A côté de textes sur le Canada, cinq articles portaient sur le passé ou le présent des flux en Amérique Latine . La même année, l'immigration indienne dans la Caraïbe était analysée (3). Mais, depuis, la place des Latino- Américains n'a été évoquée que du point de vue de certains pays récepteurs (Europe et Canada) (4), ou très ponctuellement avec un texte sur les Arabes d'Argentine (5) et, très récemment, un article sur la migration frontalière des Brésiliens au Paraguay (5). Sans prétendre bien entendu traiter de l'ensemble de la question migratoire latino-américaine, ce dossier vient combler une lacune alors que la situation politique et économique du sous-continent connaît des transformations rapides.

Après des décennies de régimes politiques plus ou moins rigides et de marasme économique, les Etats latino-américains semblent à nouveau s'ouvrir au monde. L'implantation des régimes démocratiques paraît de plus en plus ancrée. Les échanges économiques avec les pays de l'hémisphère Nord vont croissant, tandis que s'ouvrent aussi les frontières entre pays voisins. La constitution d'espaces économiques intégrés se traduit par des accords destinés à concrétiser la volonté de libérer les échanges : Marché Commun Centraméricain (MCCA), Pacte Andin, Caribbean Community (CARICOM), et plus récemment Accords de Libre-Echange Nord- Américain (ALENA) et Marché Commun du Cône Sud (MERCOSUR)

On s'est interrogé sur les retombées que ne peut manquer d'avoir ce processus d'intégration économique régionale sur les migrations à venir. Alors qu'il existe bien pour l'Amérique Latine une unité de la question migratoire, à travers la même histoire coloniale qui a largement façonné ces sociétés et à la régulation contemporaine de systèmes politico-économiques largement dépendants des mêmes investisseurs nord-américains, la dynamique migratoire revêt des formes très diverses selon les pays. La migration internationale n'est très importante en volume que dans le cas exceptionnel des Mexicains; ailleurs les flux sont d'intensité moindre et se limitent le ; plus souvent à des mouvements frontaliers entre pays limitrophes. Mais l'émigration ; garde une forte valeur symbolique, apparaissant comme une alternative permanente, au regard de situations politiques et économiques qui furent parfois désastreuses. '