Couverture fascicule

Tancredi Bella, La basilica di Sant’Ambrogio a Milano. L’opera inedita di Fernand de Dartein, 2013

[compte-rendu]

Année 2015 173-4 pp. 396-397
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Bibliographie

396 projets tels que le programme CARE (ANR,

Corpus architecturae religiosae europeae (IVe-Xe saec.),

qu’il a coordonné en France avec Pascale Chevalier. On reconnaît d’ailleurs dans les premières pages de ce cinquième chapitre le souci constant du chercheur de donner de la cohérence à ce corpus en offrant des clés d’analyse, d’interprétation et de regroupements, dévoilant ainsi le travail qui lui a permis d’élaborer la synthèse. Cette grille de lecture, géographique, historique et morphologique, se traduit par une série de cartes bienvenues pour restituer l’ampleur du phénomène et de ses différentes facettes à l’échelle du territoire national. La conclusion générale, concise et très claire, dont les intertitres délivrent quelques formules et mots-clés fondamentaux, contribue elle aussi à faire de cet ouvrage un véritable manuel qui devra figurer dans toutes les bibliothèques universitaires de sciences humaines. Christian Gensbeitel

Tancredi BellA, La basilica di Sant’Ambrogio a Milano. L’opera inedita di Fernand de Dartein. Presentazione di Marie-Thérèse Camus, Milano, editoriale Jaca Books, 2013, 24 cm, 227 p., 169 fig. h. t. en n. et bl., XXiX pl. h. t. en coul., 1 index des noms de personnes et de lieux. -isBN : 978-88-16-41203-3, 25 €.

L’ouvrage que Tancredi Bella a publié en 2013 s’inscrit dans le cadre de recherches et de travaux qui ont récemment jeté un nouveau jour sur la figure de l’alsacien Fernand de Dartein en tant qu’ingénieur-archéologue impliqué dans l’étude des formes et types architecturaux et des moyens et techniques de construction des monuments historiques, accordant une place spéciale à la lecture et à l’analyse de l’architecture lombarde médiévale. La découverte des archives de cet ingénieur il y a désormais une quinzaine d’années, a renforcé l’intérêt porté à son profil intellectuel et à sa production professionnelle. Au-delà même de l’exploitation du fonds de ses archives, de nouveaux chantiers de recherche ont été ouverts : ils concernent le rôle joué par Dartein comme enseignant (Estelle Thibault 2011) et, surtout, sa place dans l’évolution du rapport entre histoire et théorie de l’architecture, et dans le devenir de l’approche rationnelle de la construction, selon un parcours qui va de Léonce Reynaud à Auguste Choisy, en passant justement par Dartein (Massimiliano Savorra 2012, Marcelo Puppi 2013). Issu d’une thèse de doctorat en histoire et théorie de la représentation soutenue au siège de l’université de Catane de la Scuola nazionale di dottorato in scienze della rappresentazione e del rilievo à Rome, l’ouvrage de Bella est d’abord le témoignage d’une solide collaboration scientifique entre l’Italie et la France. Marie-Thérèse Camus, à qui l’on doit le repérage des archives Dartein chez ses descendants, a été l’un des premiers interlocuteurs de l’auteur. Ce dernier s’est d’ailleurs également rapproché d’institutions universitaires françaises telles que le Centre d’études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers. L’ouvrage élaboré à partir de cette thèse, constitue l’aboutissement d’un travail progressivement scandé, depuis 2009, par la parution de nombreux articles (ainsi dans le Bulletin Monumental, 2012-4, p. 291-308), y compris la contribution de l’auteur à la publication collective sur l’ingénieur alsacien parue en 2012 à l’occasion du centenaire de sa disparition. L’ouvrage publié par Bella aborde un aspect spécifique de l’oeuvre de Dartein. Il s’agit de l’étude de la basilique Saint-Ambroise à Milan, un des monuments majeurs de l’architecture romane lombarde. Ce travail se fonde sur les archives de l’ingénieur, mais Bella a su faire savamment le lien entre les informations provenant de ces archives et d’autres sources importantes qui alimentent un récit historique se déroulant entre France et Italie : les fonds publics français des Écoles des Ponts et Chaussées et Polytechnique, mais surtout une série d’archives italiennes et plus spécialement milanaises, depuis celles de la Società Storica Lombarda et les Civiche Raccolte d’Arte du Castello Sforzesco jusqu’aux archives mêmes de la basilique Saint-Ambroise. Le dépouillement systématique des carnets de voyage conservés dans ses archives et attestant des missions successives que Dartein effectua en Lombardie et en particulier à Milan à partir de 1860, constitue en tout cas le noyau de ces enquêtes croisées. Ces carnets s’avèrent un support préparatoire essentiel pour les développements sur la basilique Saint-Ambroise contenus dans sa célèbre Étude sur l’architecture lombarde et sur les origines de l’architecture romano-byzantine, parue en livraisons chez Dunod entre 1865 et 1882. Complément fondamental des carnets, la correspondance de l’ingénieur avec ses interlocuteurs milanais et notamment avec l’un des plus fins connaisseurs du chantier de restauration de la basilique, l’architecte Gaetano Landriani, est l’autre outil inédit que Bella exploite de manière systématique à travers ses recherches. On peut même considérer que l’ensemble de cet appareil documentaire structure l’ouvrage. Après une première partie introductive dans laquelle l’auteur aborde l’itinéraire professionnel de Dartein en relation avec l’histoire de la basilique milanaise, «la mère et la reine des églises lombardes » , au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, il poursuit une véritable exploration du bâtiment à travers la présentation et l’analyse des carnets autographes de Dartein. La série de ces derniers – carnets C1 (1860), D (1861), K (1863), L (1868), N (1869) – scande la division en chapitres de cette partie de l’ouvrage, la plus conséquente, pour en arriver, dans la troisième et dernière partie, à une réflexion large et articulée sur les connaissances touchant à la fois l’histoire et la matérialité de l’édifice, à partir des éléments acquis par les précédentes analyses. Les carnets renseignent, date après date, sur les déplacements de Dartein à Milan et, surtout, ils relatent ses visites minutieuses de la basilique. Ainsi, Bella accompagne le lecteur dans l’examen des différentes parties de la construction selon un rythme qui est celui des explorations réitérées de Dartein : si le carnet de 1860 permet de dévoiler une première approche analytique de l’atrium, du narthex, des sous-toitures et, encore, des clochers et des nefs, le carnet datant de l’année suivante oriente le projecteur à nouveau sur le narthex et surtout sur le quadriportique qui précède la façade de l’église ; mais aussi sur le clocher des chanoines, la tourlanterne, l’abside, la chaire et la crypte. Au fil de l’analyse des contenus des carnets, le regard de l’auteur s’étend ainsi jusqu’à la coupole et au dallage du sol de l’église. La correspondance échangée entre Dartein et Landriani retranscrite et proposée en annexe à la fin du volume, constitue par ailleurs une sorte de contrepoint aux phases de la restauration de la basilique et atteste des découvertes capitales qu’offrent les enquêtes in situ de l’ingénieur alsacien, alimentant un dialogue et une collaboration dans les deux sens. Les nombreuses missions en Lombardie dont témoignent les carnets, entrent en résonance avec les travaux d’entretien et de réparation du bâtiment qui débutèrent dès la fin des années 1850, après la concession par l’empereur d’Autriche en 1857 d’un financement accordé dans ce but. C’est à travers le prisme de cette correspondance, que Bella non seulement plonge le lecteur dans l’histoire de l’édifice entre les années 1850 et 1870, mais il la prolonge en illustrant l’apport fondamental du travail de Dartein à la connaissance des étapes de la conception et de la construction de l’église. La place de Dartein est restituée dans le contexte de l’histoire des interventions sur l’édifice : ainsi figurent les noms de tous les acteurs de cette histoire, celui du prévôt de la basilique, Monseigneur Francesco Maria Rossi, mais aussi des architectes et des artistes qui ont porté, les uns après les autres, la responsabilité de la direction des travaux de restauration – de Giovanni Brocca et Luigi Bisi à Landriani luimême –, jusqu’à celui des protagonistes de l’histoire architecturale et patrimoniale embrassant à la fois l’échelle locale et nationale, tels que Camillo Boito.

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