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Benedikte Andersson, L’Invention lyrique. Visages d’auteur, figures du poète et voix lyrique chez Ronsard

[compte-rendu]

Année 2011 73 pp. 204-205
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204 COMPTES RENDUS

Benedikte Andersson, L’Invention lyrique. Visages d’auteur, fi gures du poète et voix lyrique chez Ronsard,

Collection «Bibliothèque littéraire de la Renaissance » , n° 80, Paris, Champion, 2010, 818 p., ISBN : 978-2-7453-1964-7. Cet énorme ouvrage constitue la thèse révisée de B. Andersson, menée sous la direction éclairée de M.-M. Fragonard, et soutenue en 2002. Ce travail s’organise en quatre grandes parties réparties en seize chapitres. À la suite de Térence Cave et de ses deux ouvrages fondamentaux (Cornucopia :

fi gures de l’abondance au XVIe siècle et Préhistoires. Textes troublés au seuil de la modernité)

l’auteur fait preuve d’une approche originale de la notion de subjectivité, en saisissant le «je » hors de tout contenu biographique et de toute forme subjective, évitant ainsi le risque d’une lecture biographique romantique. La perspective chronologique adoptée amène l’auteur à aborder, dans une première partie, la signifi cation et les implications de la revendication de Ronsard d’être le «premier auteur Lirique François » (Laumonier I, 43). Cette partie cherche à éclairer quelle est en 1550 la conception ronsardienne du lyrique et, pour ce faire, examine l’héritage théorique et poétique dont dispose le poète afi n de montrer en quoi cet héritage sous-tend la préface et la poétique des Quatre premiers livres des Odes. Elle souligne le caractère déterminant de l’infl uence horatienne et s’attache à saisir en quoi celle-ci commande la mise en oeuvre d’un modèle de subjectivité lyrique qui va se révéler fondateur. La seconde partie de l’étude examine la production ronsardienne de 1552-1557. La question de l’appartenance des recueils amoureux au champ lyrique ronsardien constitue un de ses axes directeurs que vient nourrir la confrontation des modèles horatien, anacréontique et saphique. Parce que les traits lyriques des Amours sont profondément liés à une évolution plus générale de la conception ronsardienne du lyrique, B. Andersson a choisi de commettre une infraction au principe de présentation chronologique. Ainsi, la partie s’ouvre sur l’assouplissement de la poétique de l’ode ronsardienne et sur la naissance de formes lyriques concurrentes de celles de l’ode, l’odelette, l’hymne et le dithyrambe. Ce renouveau indique que la catégorie du lyrique possède dès lors une vocation fédératrice et ce constat permet d’articuler plus précisément voix, recueil et identité lyrique à l’occasion de l’étude des recueils amoureux, ou non, des années 1552-1556. B. Andersson aborde ensuite, dans une troisième partie, les métamorphoses ultérieures de la conception ronsardienne du lyrique, en soulignant tout par ti cu lièrement le rôle que jouent les OEuvres dans la réorganisation du champ poétique ronsardien. À travers elles, Ronsard se détache d’une conception horatienne du lyrique : la modifi cation du statut de l’intertextualité, concurrencée par une intertextualité de plus en plus évidente, et la transgénéricité des fi gures du sujet lyrique et d’un imaginaire mythologique lyrique tendent à ôter à la catégorie du lyrique, dans le cadre dessiné par les OEuvres, sa vocation générique. Cet affaiblissement des frontières du lyrique induit une nostalgie de la parole lyrique originelle, notamment par le biais de la poésie élégiaque : Ronsard se rapproche alors d’un nouveau modèle, celui de Virgile. Enfi n la dernière partie de cette étude s’essaie à déterminer les modèles de la subjectivité lyrique construits par Ronsard . L’examen synthétique de la persona

du poète, du traitement de l’inspiration et des stratégies de la voix révèle que ces modèles se caractérisent par une tension constante entre énoncé et énonciation, et qu’ils s’articulent dans un espace modal défi ni par trois pôles énonciatifs, le «je » personnel et originel, le «je » personnel et non originel, et le «je » impersonnel ou universel. Cette dernière partie tente enfi n de saisir, notamment à partir des oeuvres de 1587, comment s’opère la transmisrhr73.

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