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Serge Berstein et Odile Rudelle (dir.), Le modèle républicain, « Politique d'aujourd'hui »

[compte-rendu]

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COMPTES RENDUS 337

Serge Berstein et Odile Rudelle (dir.), Le modèle républicain, « Politique », Paris, P.U.F.-Hachette, 1992, 432 p., 175 F.

L'incontestable qualité de l'ouvrage tient d'abord à son découpage interne rigoureux, découlant d'une problématique strictement posée (judicieusement au fur et à mesure de la progression de l'ouvrage par de très utiles transitions et des introductions), à laquelle aucune des contributions n'entend se dérober. En effet, au départ de la réflexion se trouve l'hypothèse selon laquelle par delà la simple organisation des pouvoirs publics, les IIIe et Ve Républiques ont pu répondre aux préoccupations de la société de leurs époques respectives et s'insérer dans « une sorte d'écosystème dont tous les éléments sont en symbiose les uns avec les autres : représentations mentales, fondements philosophiques, références historiques, dispositions institutionnelles, organisation et structures sociales, pratique » (p. 7). Dans ces conditions, la priorité ira au régime républicain le plus durable, même si les deux Républiques offrent des points de comparaison souvent exploités. C'est dire que les différents participants à cette entreprise entendent nous montrer minutieusement mécanismes du modèle républicain — dans leur et dans leurs évolutions — en même temps que les variantes par lui écartées, ce qui permet de situer dans « l'univers républicain » la spécificité des régimes successifs.

Le modèle se prête alors à l'examen sous différentes modalités. D'abord la « mise en perspective » (le modèle grec ou romain) qui montre comment, l'histoire des « âges obscurs » (époques médiévales et modernes) aux yeux des républicains est encadrée par la mémoire de la démocratie athénienne et de la République romaine d'une part, et celle de la Révolution française de l'autre. A compter de celle-ci se mettent vraiment en place la mythologie et la mystique républicaines (événements-fondateurs passés ou contemporains, comme l'Affaire Dreyfus), ainsi que les dispositions-clefs de la démocratie (le suffrage universel hérité de 1848).

Vient ensuite la « mise en présence » d'une République déjà installée et à la légitimité révolutionnaire avec un socialisme enraciné dans la matrice et progressivement retravaillé par le modèle républicain à la fin du XIXe siècle, pour en définitive s'y intégrer, non sans heurts (Alain Bergougnioux).

La « mise en coïncidence » de la culture républicaine avec la société de son temps constitue un moment charnière de l'ouvrage. On comprendrait bien mal en effet l'enracinement républicain par une explication toute abstraite, fonction des seules vertus du modèle institutionnel ou de la « noblesse » des idéaux véhiculés par ses épisodes de référence passés ou présents. A ce stade, la cohérence de l'entreprise se manifeste fort bien et les interventions (Serge Berstein, Odile Rudelle et François Ewald) convergent pour mettre à mal l'idée selon laquelle les républicains en général

— et les opportunistes en particulier, — n'auraient jamais eu que le « laissez -faire » pour réponse aux attentes du pays.

Le progrès étant, selon les « opportunistes », graduel, il s'agit de décomposer la question sociale pour la traiter par étapes (chez Ferry comme pour Gambetta) mais sans jamais remettre en cause l'inégalité sociale qui est le lien par excellence au sein de la société (p. 178). Aussi, loin d'être inexistante, la philosophie sociale de ces libéraux vise à l'épanouissement social par celui de la « personnalité de l'individu » (cf. leur fermeté sur l'obligation scolaire). Par conséquent les mesures à adopter seront infinies mais limitées (tournant autour de l'accroissement des libertés). La IIIe République verra s'affirmer la tendance à créer des procédures fondées en droit qui permettent un traitement collectif des problèmes plus qu'un traitement individuel de rigueur auparavant (contrats de louage par exemple), des négociations entre les forces sociales ainsi libérées et des contrepoids face à la croissance industrielle dans le sens du gigantisme (d'où la loi Waldeck-Rousseau de 1884).

Le programme social des républicains postule donc de recourir — plus ou moins selon les périodes — opportunistes, radicales, ou... des incertitudes — à un certain nombre de moyens avérés :

— la fiscalité, et c'est le fameux impôt sur le revenu (proposé par Bourgeois vers

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