Les voix du Politique

[ Claude Mossé, Au nom de la loi. Justice et politique à Athènes à l’âge classique, Paris 2010]

On éprouve toujours une grande satisfaction intellectuelle à lire un ouvrage de Claude Mossé. Elle sait conjuguer connaissance en profondeur de l’histoire de la Grèce antique et remarquable pertinence pour dégager les points essentiels, ouvrant la voie aux questionnements. C’est particulièrement vrai de sa dernière publication dont le sous-titre, Justice et politique à Athènes à l’âge classique, souligne la complexité d’une problématique au coeur de le réflexion démocratique, tant des Grecs que des Modernes. La division en trois parties – L’élaboration du droit et la mise en place de l’organisation judiciaire, Des procès célèbres, La réflexion sur la justice des Sophistes à Aristote – éclaire son propos. Elle vise à articuler pratiques judiciaires et fondement théorique de ces pratiques dans le contexte de la polis classique, en décloisonnant imaginaire et pouvoir. La première partie, assez brève, rappelle comment les Athéniens ont construit leur corpus législatif en faisant des lois de Dracon et de Solon une référence constamment revendiquée, même si les lois votées ultérieurement par l’ecclesia ont fortement infléchi l’évolution du politique, au cours des Ve et IVe siècles, dans le sens de la justice. La récapitulation de la procédure faisant appel soit à des arbitres privés ou publics, soit à des citoyens tirés au sort pour constituer les tribunaux, met en lumière la participation du corps civique au fonctionnement de la justice. La place occupée dans l’Athenaion

Politeia d’Aristote, par la description de cette procédure, révèle son importance aux yeux des Athéniens qui la considéraient comme garante de la démocratie avec le droit, pour tout citoyen, d’introduire une action en justice. Plutôt que de s’en tenir à une présentation abstraite générale Claude Mossé choisit, dans la deuxième partie, de privilégier quelques procès célèbres qui jouent