MARTINE BOITEUX
PARCOURS RITUELS ROMAINS À L'ÉPOQUE MODERNE
«Ce qu'il y a de plus essentiel à Rome ce sont les cérémonies».
A. de Wicquefort, Mémoire touchant les ambassadeurs et les ministres publics, La Haye, 1677, p. 2S.9.
Dans le cadre d'une recherche en cours sur les rituels publics romains à l'époque moderne, je me limiterai à présenter, ici, quelques éléments peu mis en relation jusqu'à présent, en m'attachant particulièrement aux itinéraires cérémoniels et à leur inscription dans l'espace urbain.
Comment les rituels, leur expression et leur développement spatiaux, les parcours, expriment-ils symboliquement le pouvoir, son essence et ses stratégies, directement et indirectement? Le principe étant établi que les rituels, compris comme une production symbolique, créent l'identité sociale et politique, et la représentent, comment ces traversées symboliques de la ville de Rome s'inscrivent- elles dans l'espace urbain pour le qualifier? Comment la ville est-elle travestie par la fête, car tout rituel mis en œuvre détermine l'existence d'une fête, avec ses décors spécifiques? Ces apparats insèrent, dans la ville, une cité imaginaire fortement allégorisée composés d'édifices transfigurés ou fictifs1, et concourrent à la représentation par ce mélange entre l'espace réel et l'espace imaginaire symbolique momentanément prépondérant.
Me plaçant dans la ligne de Durkheim2 à Goffman3, j'essaierai de montrer le rituel comme principe d'ordre, règle de conduites, comme créateur d'identités sociales et politiques; j'attribue donc aux rituels un caractère fondateur. À la suite de P. Bourdieu je considère
1 A. Chastel, Fables, formes, figures, Paris, I, p. 21-22.
2 E. Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse, 5e éd., Paris, 1968.
3 E. Goffman, La mise en scène de h vie quotidienne, 2 vol., Paris, 1973 ; Les rites d'interaction, Paris, 1974 ; Les cadres de l'expérience, Paris, 1991.
