Couverture fascicule

Sur l'importance de la paléographie et de l'archéologie : Chambon (Jean-Pierre), Sur une technique de la linguistique historique : l'identification des noms de lieux, en particulier dans les textes du passé (avec des exemples concernant l'Auvergne et ses marges), tiré à la suite de : Lalies, n° 17, 1997, p. 55-100

[compte-rendu]

Année 1998 110-224 pp. 543-544
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La communication, dont le très long titre est énoncé ci-dessus, intéresse les départements de la Haute-Loire, du Cantal et de l'Aveyron, qui font partie du domaine naturel des Annales du Midi, et plus particulièrement d'Antoine Thomas, fondateur de cette revue, ne l'oublions pas. Elle traite d'un problème fondamental qui se pose pour tous les textes anciens, notamment pour tout ce qui est écrit dans les manuscrits rédigés en langue française ou, beaucoup plus difficiles, en langue d'oc : il ne s'agit pas seulement de bien garder ces textes (les Archives départementales le font excellemment), il faut aussi savoir les lire. C'est dire que l'historien digne de ce nom doit aussi posséder un minimum de formation linguistique (connaissance en particulier des dialectes réels de son domaine) et paléographique.

Quelques exemples sont présentés par l'auteur. Là où Antoine Thomas (qui avait en 1925 édité d'une façon exemplaire, avec reproduction du manuscrit, La chanson de sainte Foi d'Agen, de manière que le lecteur puisse à tout moment contrôler la transcription et la traduction) avait accepté la lecture « Rescinol », l'existence du village du Rasquéjoul (commune de Leynhac, Cantal) permet de rectifier cette lecture en Rescujol : il s'agit de trois misérables jambages qui peuvent être graphies soit in, soit uj, à condition que l'on connaisse suffisamment le pays !

Une erreur de ce type, insignifiante pour un historien dans ce dernier cas, peut entraîner des conséquences plus importantes lorsqu'elle porte systématiquement sur un ensemble de textes : c'est ce qui s'est produit (l'auteur n'hésite pas à parler, p. 84, d'« exemple classique ») quand Clovis Brunel, l'immortel éditeur des ACPL (base permanente des historiens du Midi de la France), attribua, sans identifications toponymiques suffisantes, au Gévaudan et aux seigneurs de Peyre un censier du XIe siècle qui, par la suite, s'avéra concerner la vicomte de Millau, département de l'Aveyron !

Les mêmes trois jambages, mal différenciés, ont fait lire « Inspendio » pour Vispendio (Vispens, commune de Saint-Affrique), « Flaujac » pour Flaviac (prononciation actuelle en patois local : Flaiac, commune de Sainte-Eulalie- de-Cernon) ou « Malevieille » pour Villevieille en plusieurs endroits du Larzac. Dans tous ces exemples la méconnaissance du toponyme vrai a été favorisée par une paléographie inattentive. C'est ainsi que récemment (Revue du Rouergue, 1997, p. 491-492) le terme de langue d'oc latinisé bescalma a été transcrit « bestalvia », avec la même faute de lecture (« vi » pou m), plus une deuxième faute (confusion du « t » et du c). Inutile de dire que cette double faute, bien que signalée en son temps, n'a jamais été corrigée, de telle sorte que le lecteur pensera à tout jamais qu'un chanoine de Rodez, au XVe siècle, employait des mots incompréhensibles, alors qu'il s'agissait du très connu bescalm, synonyme de balet, dont j'ai proposé ailleurs l'étymologie

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