Studes normandes

Le Havre colonial : une grande thèse

La belle thèse de Claude Malon est parue récemment sous la forme élégante d'un ouvrage publié dans la nouvelle «Bibliothèque du Pôle Universitaire Normand. Saluons d'abord une des premières réalisations du P.U.N., qui inaugure ainsi un effort commun de publication des trois universités normandes. Ce volume de belle présentation, illustré de documents originaux, va certainement contribuer à l'audience internationale de nos universités normandes.

On ne pouvait souhaiter meilleur choix pour inaugurer cette nouvelle collection que la thèse de Claude Malon. Elle vient compléter la série de travaux de première importance sur cette grande ville trop méconnue : ceux de Jean Legoy, de Philippe Manneville, de John Bazman et, tout récemment, de Pierre Ardaillou, etc.

On ne saurait résumer une telle thèse qui, en outre, constitue une sorte de lien entre les travaux que nous venons de citer. En traitant de l'économie maritime et portuaire, on éclaircit en effet tout un pan de la vie sociale et même religieuse (le rôle des protestants), de la vie politique (avec des perspectives nationales en raison du rôle de personnalités comme Félix Faure, Jules Siegfried) et même de la vie syndicale du Havre.

L'esprit d'ouverture de cette ville, internationale par essence, est souligné, y compris sur le plan intellectuel, si l'on songe au rôle local et national du géographe André Siegfried.

La vigoureuse introduction du directeur de thèse, Dominique Barjot,

résume bien l'originalité de l'apport de Claude Malon, véritable essai d'«histoire totale ». Il mentionne, à juste titre, la variété des sources utilisées par l'auteur. Il n'a garde d'oublier l'intérêt des sources imprimées publiées à la fin de la période étudiée, lorsque Le Havre renaît après la «table rase », et s'interroge sur son destin face à la décolonisation qui donne lieu ici à de vifs débats. C'est pour nous l'occasion de souligner la pertinence de l'analyse de Claude Malon sur une période dont nous avons été le témoin, ayant pris part à l'aventure intellectuelle marquée par la publication de revues qui sont citées par lui : Revue de la Porte Océane, Cahiers de sociologie économique, Revue de psychologie des peuples. Il montre bien, aussi, le rôle des travaux pionniers des géographes d'origine havraise : Marcel Hérubel et André Vigarié et les efforts de l'équipe qui, autour d'Albert Nicollet, a fait évoluer la vieille «Ecole pratique coloniale » en un «Institut de la France d'Outre-mer », dont Le Havre se désintéressera d'ailleurs très vite, ce qui nous paraît significatif de l'évolution «ce port colonial » entraîné dans la mondialisation et la logistique internationale. On nous permettra de signaler l'abondance des références à notre revue Etudes Normandes où l'auteur a publié d'ailleurs ses premiers travaux de recherche.

L'abondante et méthodique bibliographie nous a paru assez complète. Peut-être regrettera t-on l'absence de références à quelques œuvres littéraires comme celle du neveu du géographe cité plus haut Michel Hérubel (La maison Gelder), bonne

fhi