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Graphisme et édition, aujourd'hui pour demain Rencontres internationales de Lure, session 1986

C'est une tradition bien établie que cette semaine de réflexion à Lurs en Provence. Chaque année, les Compagnons se retrouvent autour d'un thème assez large pour que tous puissent s'exprimer.

Il en est de l'édition comme des autres activités culturelles : on se préoccupe de plus en plus de la distribution, des prix de revient et de la rentabilité, ce qui conduit à une concentration croissante et à la disparition de nombreux petits éditeurs qui ont tenté de favoriser la nouveauté et l'originalité. On peut donc dire que l'édition française se porte bien ou qu'elle se porte mal.

La quantité de livres vendus, même s'il s'agit surtout de rééditions, est en progression, en particulier chez les gros éditeurs et les groupes multimedia qui possèdent des réseaux de distribution rationalisés.

L'évolution a été tellement rapide qu'il faut inventer de nouveaux rapports entre les auteurs, les graphistes et les éditeurs. C'était déjà le cas il y a cent ans, où les progrès des techniques d'impression s'accompagnèrent d'une transformation des pratiques de l'édition. L'image, introduite d'abord en illustration noir et blanc, est devenue un des constituants de certains livres et des revues, au même titre que l'écrit ; la couleur lui a donné une réalité en même temps qu'un degré de signification supplémentaire. Les bons livres d'images présentent un équilibre entre le dessin, la lettre et l'espace. Les relations entre l'image et le texte sont diverses : complémentarité, contradiction, absence de relation.

Les petits, moyens et nouveaux éditeurs recherchent, pour leur part, des créneaux qui leur permettent de se développer : le livre d'art, la bande dessinée reliée, le rapport annuel d'entreprise, l'édition officielle, les annuaires, la cassette, le vidéotex, l'analyse et le commentaire des images photographiques et cinématographiques, etc.

Les éditions pour la jeunesse ont un succès croissant : il semble que la saturation d'images vidéo produise un retour vers le texte écrit. L'édition informatique en est encore au stade du développement, avec de nombreuses contraintes techniques et la nécessité

viser un jeu qui n'a pas encore de règles. La maîtrise de systèmes comme le vidéodisque, l'ordinateur et ses terminaux télématiques, le vidéotex, le minitel, n'est pas atteinte ; aussi le niveau culturel des prestations est-il encore insuffisant.

La réflexion sur l'édition prend des formes variées : .

— on peut parler, tant pour l'image que pour l'écrit, de l'existence de signes sur les parois des grottes, dans les livres et sur les écrans d'ordinateurs. La présence du connotatif se retrouve dans tous les médias ;

— il n'est pas possible d'évoquer l'édition sans se préoccuper du lecteur et de la lecture ;

— le livre est un vecteur de la connaissance : on constate son évolution dans le domaine pédagogique parallèlement aux transformations de la société. La médiation entre l'éditeur et le lecteur est assurée de mieux en mieux par le libraire, le catalogue critique et la bibliothèque publique.

La présence de professionnels de l'édition aux côtés de chercheurs, de pédagogues, d'auteurs, de créateurs (parmi les participants J.-M. Bouvaist, R. Renner, Massin, G. Her- scher, C. Beylie, J. Raabe, J. Mathiaut, G. Blanchard, F. Richaudeau, C.-V. Bizot, J.-T. Boin, N. de Halleux...), a permis de dépasser l'aspect historique des choses en faisant le point sur l'édition aujourd'hui et sur les éléments de son devenir. Il a été possible de cerner ainsi la place spécifique du livre dans le champ de la communication.

Robert L. Baticle

Le changement social

XIe congrès mondial de l'association internationale de sociologie New Delhi, mi-août 1986

En dépit de la mousson et des risques très réels encourus par ceux qui font un « voyage en Inde », 2 300 congressistes étaient présents à l'appel, dont un gros tiers, venus du sous- continent indien. Hélas, des réseaux d'intérêt se sont vite reconstitués et la proximité géographique n'a pu vaincre les distances psychologiques. Ainsi, afflux d'Occidentaux pour tout ce qui touchait au problème du vieillissement (voilà un changement social qui n'affecte pas