Couverture fascicule

Pierre Jonin. — Pages épiques du moyen âge français. Le cycle du Roi. T. 1, Paris, SEDES, 1964.

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COMPTES RENDUS

Pierre Jonin. — Pages épiques du moyen âge français. Le cycle du Roi. T. I, Paris, S.E.D.E.S., 1964, 286 pp.

M. Jonin s'est proposé de mettre à la disposition des étudiants et du public un choix de textes qui leur permette de découvrir notre littérature épique. Premier venu d'une série qui doit illustrer, on l'imagine, après le cycle du Roi, celui de Guillaume d'Orange, puis celui des barons rebelles, ce volume s'ouvre par des extraits de la Chanson de Roland, puis l'auteur analyse et illustre Mainet (où sont racontées les « enfances » de Charlemagne) et les chansons â'Aspremont, de la Destruction de Rome et de Fieràbras, qui rapportent les exploits du jeune Roland et du jeune Olivier. On peut se demander quelle place occupe, dans cette série, la chanson de Floovant, et même si elle représente bien la geste du Roi.

Mais le propos de M. Jonin est, avant tout, de révéler à ses lecteurs que l'univers épique n'est pas « monotone et guerrier », mais au contraire « puissant et varié ». Ainsi les extraits qu'il nous offre mettent en œuvre, entre autres, les thèmes suivants : la trahison, les rêves prophétiques, les combats avec un monstre, les interventions surnaturelles, les conseils sur la conduite des princes, les incartades d'un adolescent, l'abjuration de princes chrétiens, le déguisement d'une princesse en guerrier, l'impuissance des idoles, les blasphèmes d'un païen ; on y trouve aussi la description d'une arme de prix, d'un navire luxueux, d'un cheval extraordinaire, de jeux brutaux.

I/auteur de l'étude sur Les personnages féminins dans les romans français de Tristan au XII* siècle s'est surtout insurgé contre l'idée que les femmes sont absentes de l'épopée ou qu'elles n'y sont que de pâles figures ; il nous invite à lire le récit des amours, des ruses ou des colères de Galienne, Aufelise, Floripas, Florette et Maugalie. La démonstration ne va pas sans excès : le lecteur non averti ne croira pas, certes, que le monde de l'épopée est « désespérément masculin » ; il pourrait bien penser au contraire que ce sont surtout les femmes qui mènent le jeu. En vérité, tout est question de chronologie : ces belles païennes — quelque peu magiciennes parfois, — qui trahissent les leurs invariablement pour l'amour d'un chevalier chrétien, sont les héroïnes romanesques de chansons de seconde ou de troisième époque ; nos poèmes les plus anciens les ignorent absolument, comme ils ignorent Auberon, Chapalu ou Morgain.

M. Jonin a eu l'idée d'assortir ces morceaux choisis d'autres passages empruntés soit à des œuvres françaises médiévales, soit à des textes de toute provenance échelonnés du vie au xve s. Idée neuve et féconde, et qui nous aura valu plus d'un rapprochement inattendu. Sans doute, dans bien des cas, le problème de la filiation ou de l'emprunt s'impose à l'esprit de l'historien ; mais ailleurs, lorsque les récits évoqués viennent du monde slave ou du monde musulman, on a le sentiment que les relations sont peut-être d'une autre nature, qu'elles se situent dans le vaste champ du folklore indo-européen, dans celui de l'expérience humaine ou dans celui de la permanente réalité des intolérances religieuses ou des partis pris nationaux.

On l'a dit, le livre est destiné aux étudiants et à un large public. Aussi, M. Jonin fournit-il une traduction en regard de la plupart des extraits, et il les insère dans de larges résumés des six chansons en cause. Ainsi conçue, cette anthologie comble une lacune, et elle sera assurément fort appréciée.

La présentation typographique appelle peu de remarques. On signalera seulement quelques fautes d'impression : p. 62, fur pour fu ; p. 77, éthymologie pour étymologie ; p. 206 et p. 208, .////. pour .////". (ce qui fausse la mesure du vers) ; p. 207, je peux pour je ne peux ; p. 208, assaie pour assaié ; p. 228, durront pour dueront = 'dureront' (ce qui fausse la mesure). Les deux dernières lignes de la p. 231 sont répétées p. 233. Aux pages 90, 96, 100, 106, 116 et 236 aucun « blanc » ne marque le début de nouvelles laisses. Selon l'usage, la numérotation est indiquée de cinq en cinq vers ; pourtant des numérotations intermédiaires apparaissent çà et là sans raison apparente1.

La traduction alerte et souvent heureuse se lit avec plaisir. On pourrait regretter sans doute un parti pris de coordonner des propositions que le trouvère juxtaposait, ce qui dénature un peu le style si particulier de nos épopées. Mais M. Jonin s'est efforcé d'éviter une monotonie qui aurait rebuté certains lecteurs modernes et on ne saurait lui en faire grief.

1. P. 14, 18, 20, 59, 60, 66, 98, 204, 208, 210, 212, 216, 222, 230, 234, 236. Des numéros manquent aux p. 16, 222, 228, 234, 238 ; des numéros sont déplacés d'une ligne p. 222, 238 et 240.

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