Réception de Sa Majesté la Reine Élisabeth.

Discours de M. Ch. van den BORREN Président de l'Académie.

Madame,

C'est un grand jour pour l'Académie Royale de Belgique que celui où les membres de cette vénérable institution se réunissent pour consacrer, par la remise d'un diplôme, la décision qu'ils ont prise de conférer à Sa Majesté la Reine Élisabeth, le titre de membre d'honneur.

C'est dans un élan unanime que nos trois classes se sont con¬ certées pour réserver cette place privilégiée à Celle qui en est digne entre toutes par la somme de ses mérites et la profonde admiration qu'ils ont suscitée.

Les souverains ont un grand rôle à jouer dans le gouvernement des choses humaines. L'histoire nous apprend à quel point l'action de tels d'entre eux s'est démontrée féconde et quelle empreinte ineffaçable elle a laissé dans le souvenir de ceux — collectivités ou individus — qui en ont été les témoins ou les bénéficiaires. Même sous un régime comme le nôtre, où l'absolutisme a cessé d'exercer sa puissance, mais aussi son arbitraire, ce rôle n'a nullement renoncé à se manifester. Mais avec combien plus de discrétion, de nuances et de raffinement dans les rapports avec la masse de ceux qu'il s'agit de conduire dans le droit chemin, de guider dans la voie de l'honneur, de la justice, de l'équité !

Est-il besoin d'évoquer, à ce propos, la grande figure de celui dont la Reine Élisabeth a partagé la destinée, hélas trop brève, et dont nul, dans le monde entier, ne conteste qu'il fut le modèle accompli du souverain, tant par son héroïsme tranquille dans la guerre, que par son sens des réalités et son jugement si harmo¬ nieusement équilibré, dans l'administration de la res publica.

Ce seront, on ne saurait trop le redire, des pages d'histoire

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