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Adresse de la ville de Nantes, lors de la séance du 8 décembre 1789

[travail de l'Assemblée et productions du roi et des ministres]

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M. Chassebeuf de Volney, l'un de MM. les

secrétaires , donne lecture d'une adresse de la ville de Nantes qui est ainsi conçue :

«C'est avec autant de surprise que d'indignation, que la ville de Nantes a appris que la Chambre des vacations du parlement de Bretagne a poussé la témérité jusqu'au point de méconnaître l'auto¬ rité de l'Assemblée nationale et celle du Roi, en refusant d'enregistrer le décret sanctionné par Sa Majesté, qui ordonne à cette cour de prolonger ses vacances.

«Des magistrats, qui par état sont établis pour faire respecter les lois, en seront donc les pre¬ miers transgresseurs ? Ils donneront donc aux peuples qu'ils devraient guider l'exemple d'une désobéissance aussi étrange que dangereuse ? N'auraient-elles donc, ces cours de judicature, réclamé les anciens Etats généraux que dans la coupable espérance que cette Assemblée consa¬ crerait d'anciens privilèges, extorqués dans des siècles où l'on insultait à la dignité de l'homme ? auraient-elles formé la prétention inouïe d'élever au sein de la nation, un tribunal supérieur à la nation même ? Non, non, cette nation aussi brave qu éclairée s'est ressaisie de ses antiques droits ; et son contrat social, depuis si longtemps égaré, vient de se retrouver sous les débris de l'édifice féodal.

«C'est à l'Assemblée nationale que nous devons le plus précieux de tous les biens, la liberté. G'est

à ses pénibles travaux, c'est à ses lumières bien¬ faisantes, c'est à son courage inébranlable, c'est enfin à son union avec le meilleur des rois, que l'empire français est redevable de son salut.

«Que tout bon Français s'empresse de se rallier à cette auguste Assemblée ; qu'il repousse avec cette énergie naturelle aux nommes libres les nouveaux efforts du despotisme aristocratique ; que les ennemis publics sachent donc que, s'il est malheureusement trop facile de prolonger l'escla¬ vage d'un peuple, il est impossible de l'enchaîner de nouveau lorsqu'une fois il a brisé ses fers et qu'il s'est placé courageusement au rang des nations libres. L'homme qui s'est élevé à la hau¬ teur de la liberté périra plutôt que d'en des¬ cendre.

«Ils ne sont plus, ces temps désastreux d'un ré¬ gime oppresseur pour les Bretons ; nous ne ver¬ rons plus cette classe privilégiée tirer une ligne de démarcation humiliante entre elle et la nation. Non, nous ne verrons plus un homme enorgueilli du hasard de sa naissance se présenter hardi¬ ment pour être juge et, sans autre privilège ue ses titres et sa fortune, prétendre avoir le roit exclusif de posséder les premières places de magistrature de la province, tandis que le mé¬ rite modeste et plébéien frappait inutilement à la porte du sanctuaire des lois. Vos vrais tuteurs, ô Bretons, ne seront plus ceux que leur noblesse et leur or ont placés sur les fleurs de lys, mais ceux que vous choisirez librement dans vos assem¬ blées, sans distinction d'ordres et de classes : alors on verra l'homme, dans quelque état qu'il soit né, recevoir de vos mains impartiales la ré¬ compense de ses vertus et le prix de ses talents. Alors, alors seulement vous aurez vraiment une patrie, et vous pourrez être fiers d'être Français.

«Si, contre tout espoir, le parlement de Bretagne persistait dans son insubordination, la ville de Nantes se croirait obligée de ne plus le recon¬ naître et demanderait à l'Assemblée nationale, et au Roi provisoirement, le droit de juger en der¬ nier ressort pour tous les tribunaux royaux de la province.

«La ville de Nantes se hâte d'offrir un nouvel hommage de sa reconnaissance aux représen¬ tants de la nation, et une nouvelle protestation de sa soumission à ses décrets. Elle désavoue hautement la démarche incendiaire du parlement de Bretagne, et fait le serment d'employer tout ce que ses généreux habitants ont de fortune et de courage, pour maintenir les décrets de i'Assem-blée nationale.

«Fait et arrêté en l'hôtel de ville de Nantes, le 29 novembre 1789, le bureau municipal et le comité permanent y séant.

«Signé : DE Kervegan, maire ; J. Legris aîné, échevin ; F. RORIER, échevin ; Var-SAVAUX DE Cheulée, député suppléant, échevin ; DuBERN, échevin ; COMET, échevin ; Duval ; Drouin de Parçay ; J. Chameau-lin ; Bridon ; F. Pineau -/Foullois ; Four-

MY père ; DUPERR1ER DE La RiVAUDIÈRE ;

Th. Lambert ; Guillot ; Coustard de Massy ; J. Guesdon ; J. le Cadre ; Car¬ reau ; Delahaye ; Bellier jeune ; Guy-vois ; Fruchard ; Delcataud ; Roche ; Cantin-, Fellonneau-, Laennec, D. M. ; Clavier ; Julien Le Roux ; G. Callon père ; GËDOIN ; Le Bas , chevalier de Saint-Louis, lieutenant de maréchaussée ; VAU-dez -, P.-F. Delaville ; Pussui. »