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Lettre du représentant Duquesnoy, en mission dans le Pas-de-Calais, témoignant d'un incendie à Lambres, en annexe de la séance du 30 pluviôse an II (18 février 1794)

[correspondance]

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[Le repr. Duquesnoy, à la Conv. Aire, 22 pluv.

II] (1)

«Citoyens collègues,

Je viens d’être témoin d’un événement bien malheureux. Un incendie s’est manifesté dans une commune voisine de la place d’Aire, plu¬ sieurs maisons sont devenues la proie des flam¬ mes, et sans le zèle infatigable des citoyens de la commune d’Aire, ainsi que de la garnison, pas une habitation peut-être n’eût échappé au malheur qui menaçait tout. A minuit le tocsin sonne, je vole au lieu du danger, j’encourage tous mes concitoyens à faire leur devoir, à sau¬ ver leurs malheureux frères, mais ils n’avaient pas besoin d’être excités à faire des actions gé¬ néreuses, tous à l’envi se précipitaient au milieu des flammes pour arracher à une mort certaine des vieillards et des enfants ou pour jeter bas des murailles qui, par leur communication avec les maisons adjacentes, auraient pu étendre le ravage. Enfin le feu cesse, mais à qui doit-on attribuer la cause ? voilà ce qui depuis m’a for¬ tement occupé. La municipalité du lieu a reçu différentes dépositions constatées par des procès-verbaux, par là il paraît certain que ce malheur est encore une des manœuvres du fanatisme ; le ministre du culte catholique de cette commune qui, après avoir cessé ses fonctions, venait de les reprendre, était mis en état d’arrestation ; ses partisans étaient nombreux, on présume avec justice, que c’est à eux à qui ces malheurs de¬ vaient être attribués ; mais, veut-on les éloigner à jamais ? rendez générale la mesure que je viens de prendre, décrétez que les biens des riches fanatiques et spécialement ceux des curés seront affectés au payement des indemnités aux¬ quelles pourraient justement prétendre les mal¬ heureux incendiés, vous payerez, par ce moyen, à l’humanité souffrante, le tribut que vous lui devez et vous mettrez fin à ces terribles catas¬ trophes.

Ici le malheur avait pour compagne la vertu. Une victime de cet incendie avait vu sa maison réduite en cendres sans avoir eu le temps de dérober aux flammes la moindre des choses qui lui appartînt. Un paquet d’assignats lui tombe entre les mains, elle aurait pu fonder là-dessus ses espérances pour l’avenir, mais elle est probe, et, sans hésiter un instant, elle court rendre au légitime posseseur ce qu’elle avait trouvé.

Un autre, et c’était un cordonnier, avait aussi tout perdu ; son malheur ne ; l’accablait pas ; toute son attention se fixait sur une portion de

«AF" 129» Ph 987, p. 6. Extraits dans J. Matin, n P, J' p‘ �9-, n° 550 ; C. univ., 2 vent. ; J. Paris, ? ou. �r-> n° 513 ; Rép., n° 61 ; Arm. patr., n° 414 ; J. sablier, n° 1149. Reproduit dans Aulard, Recueil des Actes..., XI, 52.

cuir qu’il venait d’apporter du district de St-Omer. Les défenseurs de la patrie, mes frères, disait-il, sont sans souliers et me voilà dans l’impossibilité d’y remédier.

Une troisième avait un dépôt de trois cents livres, elle oublie ses intérêts, elle ne songe qu’à sauver ce qui lui a été remis, elle se jette au milieu des flammes et s’empare du portefeuille à demi brûlée, alors elle ne voit plus son mal¬ heur, et tout pour elle est oublié.

Ces actions généreuses fixeront votre attention, Citoyens Collègues, et je me persuade que vous confirmerez l’arrêté que je vous communique. S. et F. »

Duquesnoy.