Couverture fascicule

Michel Beaud : Le système national / mondial / hiérarchisé (Edition La Découverte, Paris 1987)

[compte-rendu]

Année 1988 29-30 p. 133
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CHRONIQUES ET COMPTES RENDUS

Michel Beaud

Le système national/mondial/hiérarchisé

(Edition La Découverte, Paris 1 987, 1 33 p.)

Le sous-titre que M. Beaud a donné à son ouvrage — «Une nou¬ velle lecture du capitalisme mon¬ dial » — permet d'emblée de com¬ prendre que M. Beaud n'épouse pas la thèse à la mode : l'économie mondiale ou la global economy. Le système national/mondial/hiérar¬ chisé plaide au contraire pour la reconnaissance de l'importance et de la permanence du fait national dans le capitalisme (d'où le chapitre premier sur la formation sociale nationale).

M. Beaud utilise ici l'histoire du capitalisme qu'il a précédem¬ ment écrite1 pour nourrir une ana¬ lyse de l'articulation du national et de l'international qui puisse rendre compte de la dynamique de ce sys¬ tème. «Le capitalisme a trouvé dans le cadre national le terrain favorable à sa formation et à son développement » mais la logique de ce système actionne «trois spirales interactives » («marchandisation/ monétarisation », «prolétarisation/ salarisation », et«révolutionnarisa¬ tion des produits et des besoins ») qui n'ont pas de raison de s'arrêter aux frontières. L'activité capitaliste est ancrée dans la réalité nationale mais elle acquiert nécessairement une dimension internationale/ multinationale/mondiale. Le sys¬ tème est «national/mondial », par nature en quelque sorte. Il faut tou¬ tefois distinguer les Etats-nations selon qu'ils sont des foyers ou des satellites du point de vue de l'ac¬ cumulation du capital, et selon leurs puissances relatives. Le sys¬ tème est donc aussi «hiérarchisé ».

On prendra plaisir à lire ce petit ouvrage (132 pages) qui offre une représentation vivante, réaliste et pertinente de la structure de l'éco¬ nomie internationale (dans sa par¬ tie capitaliste). En tant que schéma le système national/mondial/ hiérarchisé (le SNMH) ne fait pas problème. Il est probable en revanche qu'on regrettera qu'il soit maintenu dans un certain flou conceptuel et théorique (par exem¬ ple on ne trouve même pas le terme d'impérialisme dans les chapitres 5 et 6 consacrés successivement aux formations nationales dominantes et dominées).

S'il est vrai qu'on ne peut tout traiter en si peu de pages la place réservée à la crise fait tout de même problème. La crise actuelle pose avec une acuité particulière la ques¬ tion de l'articulation du national et de l'international mais surtout l'une des caractéristiques des «grandes crises » du capitalisme semble bien résider dans le déplacement qu'elles opèrent dans la structure de l'éco¬ nomie internationale : déstructura¬ tion-restructuration des systèmes productifs (relations entre forma¬ tions sociales, nationales dominantes et dominées dans le vocabulaire de M. Beaud), substitution d'une éco¬ nomie internationalement domi¬ nante à une autre, voire apparition de nouveaux pays capitalistes.

1. M. Beaud, L'histoire du capitalisme (de 1500 à nos jours). Seuil, Paris 1981.

Rolande Borrelly

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