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Sylvie Garnier, Alan D. Savage, Rédiger un texte académique en français. Règles grammaticales. Règles d’usage. Exercices d’entraînement corrigés. Niveau B2 à C, Paris, Ophrys, 2011

[compte-rendu]

Année 2012 133 p. 60
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Ce manuel de rédaction est le premier dans la collection

L’essentiel français à s’adresser aux étudiants et aux enseignants de français langue étrangère, même si les francophones natifs sont également conviés. Intéressant aussi bien la grammaire de la phrase que la grammaire textuelle, il articule règles, explications et exercices. Dans un premier temps, une question grammaticale est illustrée sur des productions authentiques traitant de thématiques actuelles et puisées pour l’essentiel dans des revues scientifiques, la base de données Frantext et des extraits des rapports du Sénat. La description du point correspondant donne lieu à des règles qui figurent dans des encadrés en marge. Ce pluriel doit nous intriguer. En effet, s’il s’agit parfois d’une règle grammaticale, il est souvent question de «règles d’usage » (p. vii), au sens où leur non-observation ne conduirait pas à des productions erronées, mais à des maladresses. Dans un second temps, des exercices sur CD-Rom proposant des corrigés visent à faciliter la rédaction de textes. Toutefois, ils peuvent être consultés au fur et à mesure qu’ils apparaissent en renvoi, en marge du livre. L’ouvrage s’ordonne selon quatre unités : (I) «L’ordre des mots dans la phrase et dans le texte : structure et sens » ; (II ) «Questions de référence : la cohésion textuelle » ; (III ) «L’argumentation : raisonnement et rhétorique » ; (IV) «D es mots et des expressions pour articuler le paragraphe : enchaînement et hiérarchisation » . La simple évocation de ces titres convaincra de l’intérêt accordé au texte. Chaque unité est divisée en parties qui annoncent l’objectif d’apprentissage et, le cas échéant, l’objectif de révision. Ainsi, dans l’unité I, la partie 1 qui porte sur l’ordre des mots dans le groupe verbal assigne des objectifs d’apprentissage qui consistent à «placer des adverbes de verbe au sein du groupe verbal » , à «ordonner les constituants du groupe verbal » , etc., et des objectifs de révision, tels «le comptage du nombre de syllabes » , «la formation des adverbes et des locutions adverbiales » , etc. Parfois, seules des règles grammaticales s’appliquent : les marqueurs qui traduisent une cause à valeur justificative, tout comme les marqueurs à valeur explicative, relèvent de ces seules règles. À titre d’exemple, le marqueur justificatif

car est ainsi décrit (p. 111) : «La proposition [ car Q] vient toujours après la proposition [ P] qu’elle justifie. Soit [ car Q] se trouve dans la même phrase que [ P] et, dans ce cas, est le plus souvent précédé d’une virgule. Soit [ car Q] constitue

la phrase suivante. » . Des arguments à l’appui sont donnés, excluant l’autre valeur, explicative, à l’inverse de parce que

qui admet les deux : strictement justificatif, car exclut un modalisateur, comme l’indique «* La culture doit faire partie du projet politique de l’Europe, peut-être car celle-ci n’est plus seulement affaire privée » . Cette démarche, qui consiste à donner la règle et à la justifier, propose ainsi une réflexion grammaticale au lecteur. Parfois, non seulement les règles d’usage excluent les règles grammaticales, mais elles sont très nombreuses. Ainsi, l’étude comparée des reprises en celui-ci et ce dernier fait apparaître sept règles d’usage (p. 70), alors que la reprise en il nécessite une règle grammaticale. Dans les constructions détachées règles grammaticales et règles d’usage (p. 24) coexistent. En vertu de la règle grammaticale 2 : «Les participes passés, les participes présents, les gérondifs et les adjectifs doivent être coréférents au sujet. » Cette règle est illustrée par : «A yant pour mission de couvrir tous les champs de la connaissance, la BNF a été construite pour remédier aux lacunes de la Bibliothèque nationale. » En vertu de la règle d’usage 8 : «Le participe présent, qui apporte une information sur le sujet, a généralement une valeur causale. » À son tour, cette règle est illustrée par : «Cherchant à remettre en cause la suprématie du vers, Baudelaire a écrit des poèmes en prose. » Chaque règle renvoie en marge à des exercices interactifs sur CD-Rom, à trous, à réponses multiples ou de développement (de reformulation), qui vont des mots au paragraphe et portent sur la compréhension et la production. Tantôt il s’agit d’appliquer une règle, comme dans l’exercice 7 : «I ntroduisez les adverbes proposés dans les phrases suivantes en respectant les règles d’usage 1 à 7 de la place des adverbes. » Tantôt l’exercice exige que l’élève justifie une construction en invoquant la règle correspondante, comme dans l’exercice 8 : «Justifiez la place des adverbes en caractères gras. Pour cela, indiquez la règle d’usage correspondante. » Un clic sur «correction progressive » ou «correction globale » donne la solution complète : «Souvent : RÈGLE D’USAGE 5. À un temps composé, l’adverbe se place généralement devant le participe passé (PP) du verbe sur lequel il porte. Il peut cependant se placer derrière ce PP s’il est plus long que lui (plus long d’au moins deux syllabes). » .

Il est également proposé de reformuler une construction (exercice 62) en une autre, plus soutenue (Il y a là devient

Là réside) : «Reformulez dans ces passages les phrases en caractères gras afin de supprimer il y a. […] Il y a là le danger : vouloir paraître alors qu’il faut être. » Explications détaillées et argumentées, variété des exercices, clarté des consignes, telles sont, entre autres, les multiples qualités d’un ouvrage dont les auteurs, autant soucieux de linguistique que de didactique, méritent d’être salués. L’intérêt de l’étude dépasse le seul public étudiant ou enseignant le français langue étrangère. Des traducteurs y trouveront matière à plusieurs titres.

Christiane Marq ue-Pucheu Paris IV -Sorbonne