COURTIN (Jean-Pierre). — Protéger la montagne. Lyon. La Manufacture, 1987, 286 p., ill. (Coll. L'homme et la nature).

Au cours de l'année internationale de l'environne¬ ment, Jean-Pierre Courtin, Diois d'origine, ancien directeur du Parc du Vercors, jusqu'à ces dernières années chargé, à la Direction départementale de l'agriculture et de la forêt de Haute-Savoie, des problèmes touchant à l'environnement en montagne, vient fort opportunément nous rappeler dans cet ouvrage que, si l'économie a quelque peu «déserté la scène de la politique spectacle », elle a obtenu droit de cité. Et qu'elle conserve un rôle majeur dans la surveillance et le perfectionnement de l'outil de protection de la nature, «aiguisé et mieux emman¬ ché » depuis la promulgation de la loi de 1976, dont on a pu dire qu'elle était la «déclaration des droits de la nature ». On sait qu'avec quelque retard, notam¬ ment sur les pays anglo-saxons, la France a tout de

même forgé les moyens d'une protection des milieux naturels avec le classement des sites (1930), la création des Parcs nationaux (i960) puis des Parcs naturels régionaux (1967) et des réserves naturelles qui doivent leur existence à la loi de 1930 comme à celle de 1976 et de ses prolongements.

Jean-Pierre Courtin traite justement de la protec¬ tion de la montagne dans le cadre des réserves naturelles et à partir de leur exemple. Il nous montre la complexité, voire la fragilité de l'entreprise et souligne la nécessité de la permanence d'un effort qui se veut au service de l'homme.

L'espace haut-savoyard enferme huit réserves natu¬ relles. Et, alors que les parcs nationaux et régionaux ont déjà fait l'objet de nombreuses publications, pour la première fois une étude associe, dans leur diversité, des réserves naturelles aussi «typées » que celles, par exemple, du marais du Bout-du-Lac d'Annecy, de l'alpage de Vacheresse ou de la haute montagne des Aiguilles Rouges, utilisées comme support à une réflexion qui dépasse largement leur cadre. Si l'on sent, à travers ce livre, la passion de l'auteur pour la montagne, et si aucun problème n'est esquivé, le ton reste dicté par l'expérience et le recul, donc par une modération dont trop de défenseurs de la nature ont cruellement manqué. C'est dire que cet ouvrage apparaît comme une précieuse initiation à la mon¬ tagne, un guide, non pas pour une quelconque revue d'effectifs, mais pour une meilleure compréhension d'un milieu trop souvent méconnu, y compris par les néo-techniciens de l'alpinisme.

Le texte laisse place à de nombreux compléments encadrés : petites monographies (Annecy), défini¬ tions et mises au point (introduction et réintroduction d'animaux), rappels juridiques (Plan de chasse, A.C.C.A....), portraits (du touriste moyen, de l'élu, du fonctionnaire de l'environnement...), explications toponymiques, histoire de la montagne et de la vie des montagnards, fiches signalétiques de chacune des réserves présentées. Il s'agrémente d'une très belle iconographie : croquis de localisation ou d'explication, cartes, clichés en noir et blanc, pour les documents historiques notamment, photographies en couleur (une soixantaine) de paysages, animaux, fleurs et minéraux et de signes de l'insertion de l'homme.

La première partie présente le territoire d'«Entre Léman et Mont-Blanc », dans une approche géogra¬ phique et historique. L'auteur explique l'origine et l'essence des menaces qui pèsent sur la nature et rappelle les premières tentatives pour protéger les eaux et les forêts. Il aborde très franchement le problème de la chasse et celui de la survie des espèces montagnardes, faisant l'historique des réintroductions et des introductions d'animaux. Il analyse le système de protection «à la française » et fait le point, dans