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nombreuses requêtes et demandes de secours à Vienne. Ces documents sont conservés au Finanz-und Hofkammerarchiv Wien. Par quelques exemples, Renate Zedinger montre la richesse et l’intérêt de ce fonds. Elle offre aussi une autre illustration de l’errance malheureuse qui frappe de dévoués serviteurs à cette époque, en s’attachant à la personne de Ferdinand Claus, garde des archives de la Maison de Ligne. Elle relate également les relations d’un de ses éminents représentants, le prince Charles-Joseph, avec la capitale autrichienne, une de ses «cinq ou six patries » . Enfin, elle évoque le sort des Pays-Bas, définitivement scellé à la faveur du traité de Campo Formio (1797), lorsque la Cour de Vienne doit faire face à l’expansionnisme français. La dernière partie du volume est spécifiquement consacrée au phénomène migratoire, déjà incidemment abordé dans d’autres contributions. Un point commun unit les Lorrains, partis de leur terre natale à la faveur d’un exode organisé, et les réfugiés des Pays-Bas en 1794. Il s’agit de leur difficulté à s’intégrer dans le pays d’accueil car ils sont en butte à l’hostilité de la population. En dépit de leur apport culturel, scientifique et économique, les premiers vivent isolés dans un monde à part, créé au sein de ses multiples possessions par leur protecteur, François ier. À la fin de l’Ancien Régime, les sujets fugitifs des Pays-Bas, considérés à tort comme des étrangers, ne sont pas soutenus par leur souverain. Ils sont rejetés car jugés responsables de nombreuses difficultés du temps. La hausse du coût de la vie, entre autres, leur est imputée. Bien peu dès lors s’établissent et parviennent à bâtir une nouvelle carrière. Beaucoup en revanche n’aspirent qu’au retour et font le choix de l’amnistie, en 1801, dans l’espoir de récupérer leurs biens. Une brève conclusion générale tend à montrer combien, malgré leur situation politique très différente, la Lorraine et les Pays-Bas ont vu leur histoire fortement marquée par l’influence de la monarchie habsbourgeoise. Un index des noms de personnes complète cette réédition bienvenue, qui rend beaucoup plus accessibles des contributions autrefois dispersées. – Claude Bruneel.
Époque contemporaine – Hedendaagse geschiedenis
Histoire politique et diplomatique – Politieke en diplomatieke geschiedenis (xixe -xxie s./ e.)
Maurer (Catherine), éd. Les espaces de l’Allemagne au xixe siècle. Frontières, centres et question nationale. Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2010 ; un vol. 16,5 x 23,5 cm, 267 p., ill. (Les mondes germaniques, 15). Prix : 24 €. – L’espace (allemand) est de retour. Banni (ou du moins refoulé ?) de la terminologie scientifique depuis la fin du régime nazi et l’orgie de violence que ces projets de
Lebensraum pour le peuple allemand avaient déclenchée en Europe, le concept de
Raum a été redécouvert par les historiens allemands depuis une quinzaine d’années. De nombreuses publications insistent depuis lors sur l’importance capitale de la dimension de l’espace pour l’historien – finalement presque aussi fondamentale que celle du temps. L’ouvrage édité par Catherine Maurer, professeur à l’Université de Strasbourg, s’inscrit pleinement dans cette «redécouverte » . Nous y trouvons une majorité de contributions émanant de chercheurs français, pays où les liens très forts entre géographie et histoire ne sont pas à démontrer. L’ouvrage croise donc le regard d’historiens (mais aussi de juristes et de géographes) français et allemands sur l’espace allemand au xixe siècle. Il interroge la formation de cet espace durant les décennies qui précèdent la constitution (tardive) du premier État-nation allemand en 1871 et celles qui la suivent jusqu’à la fin du long xixe siècle en 1914.
