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VII. — JUDAÏSME RABBINIQUE ET TALMUDIQUE

Première conférence . — Le messianisme, qui occupe une place si importante dans l'histoire du judaïsme et constitue un élément si original de sa doctrine, a fait l'objet de nombreuses études. Mais la plupart des savants s'arrêtent à l'époque de Jésus ou descendent, tout au plus, jusqu'à Bar-Kokha (i3o), comme si le messianisme juif perdait tout intérêt après la naissance du christianisme. Ne pourrait-on pas soutenir que, pour bien connaître un phénomène religieux dans une de ses phases, il faut non seulement remonter à ses antécédents, mais encore le suivre dans tous ses développements ? Seulement la tâche, ici n'est pas aisée. En étudiant les idées et les mouvements messianiques chez les Juifs au moyen âge, nous avons constaté que la matière est si étendue et si dispersée que nous avons pu seulement entamer la question et pratiquer, pour ainsi dire, quelques sondages .

Si l'on essaie de se faire une idée des conceptions messianiques à l'époque rabbinique, on doit distinguer les ouvrages de théologie proprement dits, depuis Saadia (xe siècle) jusqu'à lsaac Abravanel (xv° siècle), qui s'efforcent de dégager une doctrine cohérente et aussi raisonnable que possible des éléments épars dans la Bible et dans le Talmud, et les très nombreux écrits « à coté », petits Midrachim, dont la veine a été exploitée en plein moyen âge et qui, remplis de merveilleux et de fantasmagorie, sont commeunequeue de l'ancienne apocalyptique juive.

Ce sont ces élucubrations bien plus que la littérature officielle qui, en portant les imaginations à l'effervescence, ont pu inspirer les si nombreux visionnaires ou aventuriers qui apparaissent principalement aux époques de crise et de révolution et qui échouent régulièrement dans leurs entreprises insensées, réprimées par l'autorité publique et désavouées par les officiels