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L'œuvre de Soufflot à Lyon, études et documents, ouvrage publié par l'Institut d'histoire de l'art de l'Université Lyon II

[compte-rendu]

Année 1983 141-1 pp. 103-104
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L'œuvre de Soufflot à Lyon, études et documents, ouvrage publié par l'Institut d'histoire de l'art de l'Université Lyon IL Lyon, Presses universitaires, 1982, 432 p., 103 III.

Comme on pouvait l'espérer, l'exposition et le colloque organisés en 1980 pour le second centenaire de la mort de Soufflot, loin d'épuiser les questions posées par l'œuvre de cet architecte, ont soulevé à son propos de nouvelles interrogations. Cette œuvre engageait en effet l'avenir de l'architecture occidentale. Comme artiste, Soufflot vécut un moment critique, celui qui prépara le déclin de l'architecture classique et sa fin au xxe siècle. Comme constructeur, l'insuccès qu'il éprouva et dont il mourut mis en cause l'emploi de la pierre, prépara l'adoption du métal au xixe siècle et l'essor du ciment armé de notre temps. Il importait donc, il y a deux ans, de bien situer Soufflot au cœur de ces grandes mutations. Il convenait aussi d'accentuer la dimension dramatique de son aventure, et c'est ce qu'a fait Jacques Guillerme, en rappelant que l'activité des architectes est d'abord un combat contre la pesanteur. Sous le numéro 322 du catalogue était exposé un Schéma de fixation des armatures à seize niveaux du dôme de Sainte- Geneviève (Bibl. des Ponts et Chaussées, Ms. 1826) : document-clé qui vient éclairer les architectes du Panthéon à un moment ou la stabilité de l'édifice est plus que jamais problématique.

Alors que ces points essentiels retiennent encore J. Ryk- wert (The first Moderns : the architecture of the eighteenth Century, M. I. T. Press, 1980) et A. Braham (L'architecture des Lumières, de Soufflot à Ledoux, Paris, 1982), le recueil publié par l'Institut d'histoire de l'art de Lyon est réservé à la période lyonnaise, au cours de laquelle Soufflot établit sa réputation. Oubliant les années parisiennes de célébrité, de lutte et d'inquiétude, nous retrouvons ici l'image plus rassurante du jeune artiste affable et lettré, celle du bourgeois bien intégré dans les affaires et la vie intellectuelle de la cité rhodanienne. Quelques pages très denses de Marie-Félicie Pérez nous introduisent dans une élite éclairée où Soufflot a pour amis les Lacroix- Laval, l'avocat Jean-François Genève, le soyeux Jean Monlong, le trésorier Rufïier d'Attignat. Bientôt, le cardinal de Tencin et le duc de Villeroy seront ses

teurs à la Cour ; et parmi ceux de ses amis qui le rejoindront à Paris figurent des hommes aussi éminents que le contrôleur général Bertin, le naturaliste Poivre et Jean- Êtienne Montucla, qui fut historien des mathématiques et secrétaire des Bâtiments du roi. A Lyon, Soufflot non seulement construit, mais spécule. Il revend cher les terrains du lotissement Saint-Clair et se réserve des appartements. Il s'associe à plusieurs hommes d'affaires, investit dans l'entreprise de Perrache et celle du canal de Givors. L'activité des architectes lyonnais dépend en grande partie de la sienne et ce milieu professionnel prend ici consistance et animation.

Alors que l'expansion urbaine est devenue irrésistible, il faut loger la population attirée en ville par l'activité des manufactures, adapter l'aménagement des quais au trafic commercial et conquérir des terrains marécageux. La naissance du quartier Saint-Clair a incité Alain Charre et Catherine Servillat à démonter les mécanismes de la spéculation foncière et immobilière. Si la rue ne dépend plus des riverains, mais de l'administration municipale, aucune obligation n'impose l'uniformité des façades. L'étude informe bien sur la qualité sociale des acquéreurs, mais il serait intéressant de voir un plan. Quelles sont les servitudes mutuelles ? Prévoit-on des cours communes ? A l'intérieur des immeubles, quel est le régime de la co-pro- priété ? Nous le croyons assez différent du régime en faveur à Grenoble, qui rivalise encore aujourd'hui, dans la pratique des promoteurs français, avec l'usage de Paris. Autant qu'à Bath et à la rue de Rivoli, il faudrait se référer à la reconstruction de Rennes et aux lotissements parisiens d'Ancien régime qui ont été le mieux étudiés, l'île Saint -Louis, la Place Vendôme et le quartier Choiseul. D'autres enquêtes urbaines de cet ordre seraient les bienvenues et permettraient des études comparatives.

Gilles Chômer apporte des précisions sur la construction du théâtre, auxquelles il joint des dessins inédits. Après des approches successives dans le catalogue de l'exposition et les actes du colloque, la monographie de l'Hôtel-Dieu reçoit ici sa forme la plus achevée sous la plume du Professeur D. Ternois. L'auteur donne une mise au point sur laquelle on pourra désormais s'appuyer, puisqu'elle prend en compte les conditions du financement et la gestion administrative, aussi bien que les conceptions médicales, les étapes de la construction et les infidélités commises après. le départ de Soufflot. Comme il convenait, l'architecte avait volontairement consenti pour les pauvres un abattement sur ses honoraires. Les anciens hôpitaux de Lyon sont un témoignage du zèle consacré par les notables au soulagement de la misère dans une société déjà industrielle ; c'est ce que nous pouvons juger avec le recul de notre temps, où la Sécurité sociale s'est largement substituée à la charité chrétienne.

En parcourant ce volume, nous restons frappé par l'abondance des motifs italiens acclimatés sur les bords du Rhône. Les jardins de La Fréta offrent des fontaines analogues à celles de Viterbe et de Frascati. Le nymphée de La Ri- vette reproduit le bassin de Pégase à la villa Lante et le dragon qui en occupe la niche centrale évoque l'animal héraldique des Borghèse. A la Manécanterie, Cyr Decré- nice adopte un type d'escalier ovale qui remonte à celui de Palladio à la Carità de Venise. Développé par Longhena et par Sardi, on en retrouve le souvenir dans l'œuvre de l'italianisant P. -F. Godot. Cet architecte fit un escalier

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