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Conversation

M. : Est-ce qu’il y a une nostalgie typiquement féminine ?

C. A. : Par rapport à l’histoire où on se situe maintenant, et le mythe pour moi, c’est plus le vécu qu’on a eu, ce qu’on a emmené avec nous comme idées d’un devenir il y a 10 ou 15 ans par rapport à l’art qu’on pratiquait.

M. : Je ne sais pas pourquoi tu parles de 10 ou 15 ans, pour moi, ou bien je me situe vis-à-vis d’une toute petite fille que j’ai été et que j’aimerais retrouver, ou bien c’est une situation qui n’a probablement même pas changé, quelque chose de très constant en moi...

Moi j’ai une expérience tout à fait particulière, j’ai traversé une révolte contre la condition de femme, beaucoup plus vivement que celles que j’ai vues autour de moi ; bien après, en dessinant, je me suis révoltée et ça a été une aventure solitaire. A ce moment-là j’étais totalement isolée mais ces dessins étaient une explosion. Je sens une nostalgie vis-à-vis de la petite fille que j’ai été et vis-à-vis de l’fhdépen-dance que j’avais à ce moment-là et que je n’ai plus, je suis beaucoup plus dépen¬ dante de toutes sortes de choses, même du dessin... cet espèce de contact que j’avais avec tout ce qui m’entourait...

C. M. : Comme quoi l’indépendance serait un mythe aussi...

M. : Mais curieusement l’indépendance lorsqu’elle se fait, disons matériellement, ça ne veut pas dire que tu es tout à fait indépendante, c’est là où je me situe.

C. A. : C’est par rapport à ça que le mot mythe m’intéresse, tout ce qui a été trim¬ ballé toutes ces années sur la femme créatrice, indépendante, la femme qui assume son art.