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Dans son article « L’amour dans les romans pour adolescents : romans à l’eau de vie », Geneviève Chatouillet décrit succinctement la protagoniste du roman pour adolescentes :

[…] douze ou treize ans, pas encore de petit ami mais heureusement une nouvelle copine pour vous faire oublier que vous êtes trop moche pour intéresser les garçons, des parents divorcés ou sur le point de le faire, une situation scolaire médiocre et rien à l’horizon pour donner un peu de piquant à votre existence mais… ouf, voilà justement une proposition de vacances, une invitation à une boum, un nouveau garçon dans la classe et quelque chose va peut-être se passer.[2]

À l’instar du scénario de base des éditions Harlequin, la structure récursive du roman pour adolescentes, loin d’ennuyer la lectrice, la conforte dans son intérêt pour le genre[3]. La popularité de ce dernier semble justement tenir à la reprise inlassable de motifs stéréotypés et au respect des conventions romanesques telles la transformation physique et psychologique de l’héroïne. L’exemple de « Coeur-à-coeur », collection de romans d’amour destinés aux adolescentes, parue aux Éditions Héritage de 1982 à 1998 et comptant 97 titres de 46 auteurs, donne pourtant à voir qu’en dépit d’une production de masse, bon marché et largement diffusée, la pérennité d’une collection n’est jamais assurée. En effet, les romans de cette collection sont ignorés aujourd’hui de l’institution littéraire et d’un large public et reposent sans doute sur quelques tablettes de librairies d’occasion.

Une étude de dix romans « Coeur-à-coeur », parus entre 1982 et 1990 et retenus parmi les 97 titres puisque mis en marché au Québec au cours de la période de publication la plus fructueuse de la collection, permettra de voir en quoi on y trouve une vision spécifique de la féminité construite sur des réseaux de significations sexuées[4]. En nous attachant à la représentation de l’adolescente, nous verrons que les romans de « Coeur-à-coeur » suggèrent sinon imposent une définition culturelle de la jeune fille. De plus, paradoxalement, ils semblent rompre, par le processus réflexif qu’ils initieraient, l’illusion référentielle, l’abolition « de la conscience de l’acte de lecture[5] », pour reprendre la terminologie de Daniel Couégnas. Le déclin de la collection en résulta-t-il? On peut se le demander dans la mesure où la lectrice adolescente chercherait, à l’instar de la lectrice adulte de littérature sérielle à large diffusion, le rêve et l’évasion plutôt que la transposition de ses préoccupations dans les romans d’amour écrits à son intention.

Construction de l’adolescence féminine

Âgée entre 15 et 17 ans, à l’allure d’une fillette, si mince qu’un peu de volume dans ses vêtements ne lui nuirait pas, sans physique ni personnalité pour la rendre populaire auprès des garçons, l’héroïne de « Coeur-à-coeur » n’a décidément rien de l’adolescente ravageuse à la physionomie d’enfer. La banalité physique de la protagoniste n’est pourtant pas fortuite, elle favoriserait en fait l’identification de la lectrice au personnage. En effet, le personnage paralittéraire « [procède] d’une mimésis sommaire et [est réduit] à [un] rôl[e] allégoriqu[e] [qui] facilite la lecture identificatoire et les effets de pathétique[6] ». Ainsi, ni particulièrement laide ni spécialement jolie, l’héroïne de cette collection incarnerait le prototype de la jeune fille ordinaire qui, une fois métamorphosée par l’amour, dévoile « sa véritable beauté par les yeux du héros et dans ses bras[7] ».

Mais pareille transformation ne saurait être possible sans une intégration préalable des codes stéréotypés de la féminité. Bien que décrite de façon réaliste au plan physionomique (cheveux, yeux, nez, traits du visage, etc.), l’héroïne de « Coeur-à-coeur », à la fois ordinaire et potentiellement extraordinaire, adopte l’apparence la plus valorisée et se définit en fonction des normes sociales.

À cet égard, Clémence Préfontaine soutient que les caractéristiques de la beauté féminine, dans les romans sentimentaux, correspondent aux canons actuels de la mode en Occident[8]. L’obsession du corps et de la minceur chez l’héroïne dénote ainsi une construction sociale de la féminité à une époque donnée confortant notamment la femme dans un rôle d’objet. Superflirt, paru en 1982, témoigne de ce processus de construction. Susan Bond, 16 ans, fait la connaissance de Debbie, étudiante timide, grassouillette, pas très jolie ni populaire, et entend bien métamorphoser sa camarade en vraie jeune fille :

- Écoute, Debbie! Tu iras au bal. Mais il faudra que tu m’aides. […] À partir d’aujourd’hui, tu ne mangeras plus entre les repas [9]. Durant le prochain mois, ou peut-être durant six semaines, tu vas perdre au moins quatre kilos. Et l’on verra les pommettes de tes joues! […] Ce sera difficile au début, dis-je. Il te faudra ruser. Tu feras semblant de manger. Tu cracheras la boustifaille, tu la mettras dans ta poche, n’importe où, mais tu ne l’avaleras pas. Et puis, tu réduiras le pain, le beurre, les pommes de terre et les desserts. Tu ne mangeras que des petites portions de tout.[10]

Notons au passage que cette description du nouveau régime de Debbie n’est pas sans suggérer les problèmes de disfonctionnement alimentaire, comme l’anorexie, que connaissent certaines adolescentes aujourd’hui. La date de première parution du roman en anglais, 1980, et même celle de sa parution en français, explique sans doute l’inconscience manifeste de l’auteure à ce sujet.

De même, Alison, héroïne de Mon premier ami, paru en 1986, entre aussi dans ce processus de jugement social quant à l’apparence physique. « [Le serveur] m’a conduite à une table où il n’y avait pas de Ted Mollison mais une femme énorme (qui, sans aucun doute [11], aurait dû être au régime). Elle occupait presque toute la place. C’était la mère de Ted[12] ». Aussi peut-on se demander si la représentation de la jeune fille et de la femme dans les romans de « Coeur-à-coeur » ne fragilise pas psychologiquement la lectrice en accentuant sa vulnérabilité, l’adolescente étant souvent insatisfaite de son corps et de son apparence physique.

Linda K. Christian-Smith qui s’intéresse à la question de la féminité adolescente, analyse le code de la beauté dans les romans américains destinés aux jeunes filles. Elle écrit :

Dans les romans à l’eau de rose, la beauté est le passeport pour le succès en amour, pour le pouvoir et le prestige. Si l’intérêt pour les soins de beauté et la mode est un moyen de s’attirer et de s’assurer l’attention des garçons, il construit aussi des réseaux de significations sexuées autour du plaisir, du comportement physique et de l’identité.[13]

Construction instable, la beauté féminine détermine sans aucun doute le développement sexué et psychique de la jeune fille, influant ainsi sur la définition de la femme. Du reste, Simone de Beauvoir le faisait déjà remarquer dans le Deuxième sexe, « n’avoir plus confiance en son corps, c’est perdre confiance en soi-même[14] ».

Selon Pamela Pollack, le succès commercial des romans d’amour pour adolescentes aux États-Unis dans les années 1980 est attribuable à la concordance entre les désirs de lecture des jeunes filles et les contenus thématiques des romans écrits à leur intention. « Les éditeurs de livres de poche destinés à la consommation de masse donnent aux jeunes ce qu’ils veulent, selon les enquêtes de marché, plutôt que ce dont ils ont besoin, selon ce que reflètent les statistiques sociales[15] ».

En fait, il semble que les romans de « Coeur-à-coeur », destinés aux adolescentes de 12 à 14 ans, présentent « des histoires actuelles basées sur le premier amour, le milieu sportif et scolaire[16] ». Conséquemment, écrits pour elles et parlant d’elles, se référant donc à leur vécu, on peut se demander si ces romans divertissent encore, selon la règle du roman à grande diffusion.

Réalisme et imagination

De façon générale, l’identification de la lectrice à l’héroïne contribue à l’illusion référentielle, à « l’évanouissement du texte comme tel[17] ». Cependant, il semble en être tout autrement pour la collection « Coeur-à-coeur » bien que cette dernière joue tout de même sur cette identification. En effet, la jeune lectrice s’attend à lire une histoire d’amour tel que l’annonce et le promet les éléments du paratexte (titre du roman, illustration de la première de couverture, nom de la collection, texte de la quatrième de couverture), mais n’a finalement droit qu’à une mise en récit de ses préoccupations d’adolescente. Qu’en est-il en effet de la fonction d’évasion inhérente au roman sentimental? Abordant les thématiques chères aux adolescentes, à savoir les problèmes familiaux, les relations amicales et amoureuses, les échecs scolaires, les sorties, les activités parascolaires et les sports, les romans de « Coeur-à-coeur » se réfèrent aux expériences personnelles de la lectrice et aux sentiments qu’elle a éprouvés ou éprouvera en pareilles situations. Appartenant à la littérature sentimentale, ces romans qui font vivre par procuration des tourments à la lectrice, lui représentant la réalité de l’adolescence, ou prétendant le faire, semblent en même temps reléguer au second rang la visée fantasmatique propre au roman de ce genre.

Ainsi, ni princesse de contes de fées ni étudiante la plus populaire de l’école, l’héroïne de « Coeur-à-coeur », comme toute jeune fille de son âge, ne serait ou n’aspirerait à être qu’une adolescente comme les autres : « J’ai soudain envie d’arracher à cette Allison cette peau de musicienne et de professionnelle pour découvrir la fille ordinaire qui pouvait s’amuser et sortir avec des amis[18] », affirme la protagoniste, Allison, 16 ans.

Mary, 16 ans également, manifeste à son tour son désir d’être comme tout le monde :

Qu’est-ce que, moi, je veux exactement? […] Cette question la préoccupa beaucoup pendant les jours qui suivirent. En vérité, elle n’avait aucun don ni intérêt particulier. Les réponses qu’elle se formulait restaient très vagues. Elle voulait être heureuse, bien sûr, comme tout le monde.[19]

Réaliser qu’une autre adolescente a des préoccupations et réflexions semblables aux siennes et retrouver la transposition de ces tourments dans des romans qui, au premier abord, sont censés divertir, ramène nécessairement la lectrice à elle-même et contribue à briser l’illusion référentielle, l’effacement de la littéralité dans le texte. Axés sur le réel, les romans de « Coeur-à-coeur » se rapprochent des romans québécois réalistes des années 1980, les romans-miroirs, qui visent à établir une complicité avec la lectrice adolescente et à réduire de façon maximale la distance auteure-lectrice, en plaçant à l’avant-scène le bouleversement identitaire d’une jeune fille plutôt que l’idylle romantique de deux jeunes adolescents comme le roman sentimental le propose le plus souvent. Un choix difficile, paru en 1984, rend compte en ce sens du processus de maturation de la protagoniste :

Pendant le trajet, personne ne parla. Mary se demanda si les autres avaient conscience que c’était la fin pour eux en même temps que le commencement. Elle regardait les rues défiler en songeant aux mois agréables qu’elle venait de passer. Ces mois avaient eu beaucoup d’importance dans sa vie, elle était devenue une autre personne.[20]

Selon Daniel Couégnas, le récit paralittéraire imposerait d’emblée son propre code et mode de lecture et refuserait au lecteur la possibilité d’évaluer les personnages et leurs actions. « De fait, le texte “programme” cette démarche d’élucidation qu’effectue le lecteur[21] ». Ainsi n’y aurait-il, en matière de paralittérature, qu’un sens ou une interprétation possible au récit. Dans la collection « Coeur-à-coeur », la mise en place de valeurs manichéennes a pour effet immédiat d’accentuer les oppositions dans des romans qui doivent pourtant en principe faire rêver les lectrices et suggérer une certaine harmonie. Par exemple, Christy, paru en 1982, met en scène une adolescente de 16 ans qui repousse, question de ne pas contrevenir aux principes de son éducation, les avances de son nouveau petit ami :

Ma poitrine s’enfla et un sanglot me noua la gorge. Au prix d’un immense effet, je réussis à mettre mes mains à plat contre sa poitrine et à me dégager de lui. « Non, Christy, non », supplia-t-il d’une voix enrouée. Il avança le bras et me ramena près de lui. Je fis un pas en arrière et sortis (sic) du cercle de ses bras. « Je ne peux pas, Mike. » […] Il se mit à faire les cent pas devant moi […]. Je savais ce qu’il voulait […]. « Je suis désolée, Mike. Mais ne te fâche pas avec moi, suppliai-je. Si je me suis vraiment montrée provocante, pardonne-moi[22] ».

À l’instar de Christy, Amour secret s’écarte aussi de la polysémie narrative et dicte du coup au personnage féminin – et à la lectrice – la ligne de conduite à adopter, le système de valeurs à intégrer. Mandy Carroll, 15 ans, craint d’avoir perdu sa meilleure amie qui, depuis quelques mois, consacre tout son temps à son nouvel amoureux. Mandy se sent seule, délaissée et discute avec celle qu’elle croyait sa meilleure camarade :

– Nous sommes toujours amies, n’est-ce pas, Mandy? – Je ne sais pas, répond-elle. Tout est si différent. […] Pourquoi as-tu changé ainsi? Je préfèrais [sic] l’autre Pris. Nous nous entendions si bien. – Nous n’étions que des enfants, Mandy. Ce n’est plus la même chose aujourd’hui. – Je n’ai pas envie de devenir comme toi. Voilà [c’est] dit. – Où est le problème, Mandy Carroll? Je m’aime comme je suis. C’est mieux que d’être un garçon manqué. Avec une queue de cheval. Jamais soignée. […] Les hommes, les vrais, aiment avoir des femmes pour amies, pas des gamines.[23]

Ainsi, les romans de « Coeur-à-coeur » énonceraient de façon explicite ce que doivent faire et être les adolescentes pour devenir ou demeurer des femmes comme « les hommes aiment [les] avoir ». Par l’entremise de narratrices adolescentes, ces romans s’en tiennent à une représentation de la jeune fille qui, loin de renverser les stéréotypes des genres, conforte la femme dans un rôle de dépendance face à l’homme, décourageant de ce fait son émancipation en tant que sujet.

À en croire les romans de la collection, être jeune fille, dans les années 1980, équivaut à être jolie et mince ou du moins à s’engager à le devenir et à accepter les contraintes de la féminité, quelles qu’en soient les conséquences.

Le soir, je portai le T-shirt rouge sous un de mes chemisiers, mais dès que j’arrivai chez Guylaine, j’enlevai mon chemisier et le pliai dans mon sac. Je ne voulais pas aller à la soirée de Nadine vêtue comme une fillette […].[24]

La prescription d’une féminité unique et définie à l’avance a peut-être contribué à détourner de la collection les lectrices de « Coeur-à-coeur ». En fait, une partie des adolescentes des années 1980 et 1990 cherchaient sans doute alors de nouveaux points de repère hors des stéréotypes que les romans de la collection offraient. Selon Daniela Di Cecco, « l’auteure, comme la lectrice, se trouve coincée entre la description d’un état de fait et la prescription d’un modèle qui le prolonge[25] ». Les lectrices adolescentes se seraient dès lors intéressées à de nouveaux genres littéraires habituellement réservés aux garçons et qui correspondraient aux modèles sociaux dont elles voudraient désormais se rapprocher. Christian Baudelot souligne à ce sujet l’engouement des jeunes de cette période pour le roman d’horreur et la grande popularité de Stephen King auprès des adolescents, garçons comme filles, romans où la part d’imagination est grande[26].

Caducité d’une collection

Construite à partir des désirs supposés des lectrices, la représentation de la jeune fille proposée aux adolescentes comme modèle dans les romans de « Coeur-à-coeur » témoigne du discours sur l’adolescence d’auteurs, femmes par surcroît, cherchant à reproduire une réalité sociale spécifique, l’adolescence féminine des années 1980-1990. Ainsi, le déclin de la collection dans les années 1990 pourrait attester de l’écart entre une représentation romanesque et la transformation de la réalité qu’elle ne réussirait pas à décrire de façon satisfaisante pour les lectrices. Ni littérature de pur divertissement parce que doublés d’une problématique identitaire ni romans cathartiques parce que prescrivant un modèle féminin dépassé, les romans de la collection « Coeur-à-coeur » feraient la promotion des valeurs déterminées par des adultes plus qu’ils ne reproduiraient les intérêts du lectorat visé. En fait,

quoi qu’on en dise, c’est toujours une représentation adulte de l’adolescence que le roman pour adolescentes et adolescents véhicule à destination de ces derniers. C’est donc la vision de l’adolescence que l’auteure ou l’auteur accepte d’assumer et, à travers elle, une partie de la société. Coincée entre sa vocation sociale et morale et la nécessité de plaire à un public ciblé, la littérature de jeunesse, malgré les aspirations de ceux qui la pratiquent, échappe difficilement à ces contraintes.[27]

Prescrivant des modèles comportementaux ne correspondant pas ou plus à la réalité sociale de la jeune lectrice, les romans de « Coeur-à-coeur » n’auraient pas su offrir un modèle de référence jugé valable ni inciter les adolescentes des années 1980 et 1990 à s’affranchir d’un rôle féminin de dépendance. Le déclin de la collection s’en serait suivi, car les valeurs sociales qu’elle montre et qui touchent à la littérature et aux relations entre les sexes sont étroitement liées et s’influencent les unes les autres pour constituer un modèle à la fois réaliste et fantasmatique.

Entre l’enfant et l’adulte, les adolescentes pensent le monde et cherchent réponse à leurs interrogations. Préoccupées par les changements qui s’opèrent en elles, il arrive qu’elles développent une relation problématique à leur corps et une conscience aigüe face à la perception des autres. Par la fabrication de modèles sociaux, les auteurs pour la jeunesse, et les auteurs de la collection « Coeur-à-coeur » notamment, définissent la condition féminine et livrent une représentation spécifique de la féminité. Mais ne réussissant à répondre ni au besoin d’identification sexuée des lectrices puisque échouant dans leur tentative de reproduire les soucis des adolescentes ni à leur besoin d’évasion puisque étant trop réalistes, les romans de « Coeur-à-coeur » vont à leur perte, s’effaçant peu à peu du paysage éditorial. Cela dit, bien que les collections pour la jeunesse se développent et se multiplient depuis les années 1980 au Québec, proposant de nombreux exemples et traduisant notamment les contradictions de l’adolescence féminine, les modèles sociaux semblent manquer aux jeunes filles en train de construire leur identité.

Elles [les adolescentes] se cherchent, comme tous les adolescents, mais elles cherchent, en plus, au fond d’elles-mêmes, les signes d’une féminité qui n’est plus définie. La société de consommation ne leur propose aucune voie tracée, aucun modèle de référence, hormis ceux des magazines de mode. Les conditionnements auxquels elles sont soumises leur laissent l’illusion d’une totale et angoissante liberté.[28]

En se construisant socialement et s’imposant au monde, l’adolescente se trouvera peut-être et bénéficiera des possibilités qui lui permettront de se situer, pour paraphraser Agnès Desarthe, ailleurs que sur l’échelle de la beauté, « qui compte à peu près mille fois plus de degrés que celle de Richter[29] ». Dans cette perspective, le rôle des romans lus par les adolescentes n’est donc pas négligeable. Il fait peut-être la différence entre une construction de la personnalité à l’issue favorable et un sentiment de perte que peut ressentir l’adolescente dans son travail d’édification du moi.