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Des vertus du décentrement.

[article]

Année 2003 1 pp. 6-9
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médiamorphoses

spécial Big Brother

Des vertus du décentrement

Guy Lochard

décentrement

Guy Lochard, Université de Paris 3 et Guillaume Soûlez, Université de Metz

' intense polémique qui a saisi la France, en 2001 , à propos de l'émission Loft Story (M6) n'est nulle¬ ment un épiphénomène, limité à l'univers de la télévision. Comme d'autres épisodes (encore récemment le rapport d'Annie Kriegel comme celui de Catherine Clément) qui émaillent régulièrement, dans notre pays, le débat pu¬ blic sur les «effets » et le rôle de ce média, cette discussion illustre une propension certaine de la vie intellectuelle et sociale française à l'affirmation de principes généraux et abstraits dont les accents universalistes masquent de moins en moins un ethnocentrisme persistant C'est pour permettre un réel et bénéfique décentrement par rapport à des argumentaires trop focalisés sur les soudaines et aveuglantes manifestations françaises de la «télé-réalité » que ce dossier a été conçu. En élargissant le regard sur d'autres contextes géo-culturels où Big Brother(\e «concept » matriciel de Loft Story inventé par la société de production hollandaise Endemol) a été également adapté, il vise bien en effet à rap¬ peler qu'en ces temps dits de mondialisation généralisée, la télévision demeure une pratique culturelle, ancrée dans des traditions nationales, toujours placée sous la contrainte de normes discursives, communicationnelles et sociales qui lui donnent des visages à chaque fois singuliers.

Un rappel superflu que ce propos ? Peut-être si l'on retient que c'est là, aujourd'hui, une très banale expérience que l'on peut vivre en regardant des émissions étrangères, et en constatant que, devant ces spectacles, nous sommes toujours saisis de sentiments mêlés de familiarité et d'étrangeté. Cependant, insistons une fois encore, nous ne cédons assurément pas au piège de l'évidence en considérant que les logiques du débat intellectuel et scientifique français, sou¬ vent portées, dans le domaine des médias comme ailleurs, à de soudaines et rapides «montées en généralité », mé¬ connaissent la variabilité internationale des productions

télévisuelles. Ces problématisations, souvent productives pour saisir les lois tendancielles et les logiques transversales de ce média, font ainsi écran à la saisie de ces «petits » écarts qui affectent les dispositifs des variantes nationales d'un meme format télévisuel. Ur, ces écarts introduisent parfois de radicales différences de statut et de sens entre ce qui est généralement considéré comme de simples et innocentes «déclinaisons 2 » d'un «format », soumis à des transactions commerciales internationalisées. Minimiser ces écarts revient finalement à se rallier aux logiques commerciales de diffusion qui tolèrent les nuances culturelles, mais restent attachées à l'intégrité du «concept 3». C'est là le premier axe de comparaison dans lequel nous nous sommes engagés dans ce numéro. Comparaison qui impliquait d'emprunter, du moins dans un premier temps, une voie «sémiologique ».

Big Brother sous le regard des chercheurs européens : dynamiques morales et plasticité

Nous avons, à cette fin, sollicité plusieurs chercheurs inscrits dans différents cadres nationaux ou spécialistes extérieurs de ceux-ci, afin qu’ils présentent des descriptions méthodiques des dispositifs locaux de Big Brother, ce programme initia¬ lement hollandais, mais devenu aujourd'hui un des formats canoniques et internationaux de la télé-réalité. Bien décrite dans un article d'ouverture par Sylvie Kerviel (Le Monde), la dissémination puis la prolifération, de cette formule dans les grilles européennes puis mondiales légitimait en effet de procéder prioritairement à ce type d'examen. Quels traits nou¬ veaux et particuliers ce programme avait-il revêtu en se propageant dans des états proches culturellement de la Hol¬ lande, comme l'Allemagne (le premier pays importateur) et la Belgique flamande ou plus éloignés comme la Grande-Bretagne et, au-delà, dans d'autres pays européens relevant

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