LE FONCTIONNEMENT DU POLYTHEISME DANS LA CITE DES SEQUANES(l)

La civitas des Séquanes qui coïncide, à quelques nuances près, avec l'actuelle Franche-Comté, offre un cadre intéressant pour l'étude du fonctionnement du polythéisme, dans la mesure où, à côté de l'implantation des cultes classiques et des cultes orientaux — comme ce fut le cas dans le reste des Gaules —, on assiste à un phénomène important de syncrétisme, qui ne réussit pas cependant à «récupérer» l'ensemble du panthéon indigène et laisse subsister, dans une coexistence pacifique, nombre de divinités irréductibles et nombre de pratiques qui sont incontestablement de tradition celtique.

Ce polythéisme régional peut être analysé sous trois aspects : un processus d'importation, qui ne nous retiendra guère, dans la mesure où il n'a rien de spécifique, des syncrétismes et des survivances indigènes qui ici sont très tenaces.

Pour aborder l'étude du polythéisme en Séquanie, nous ne disposons que de peu de sources : aucun texte littéraire, une douzaine d'inscriptions, qui, hélas ! ne sont — à une exception près — que de simples dédicaces, quelques reliefs, mais fort heureusement un assez grand nombre de statuettes de bronze.

I. Le phénomène d'importation

La première facette, immédiatement visible, du fonctionnement du polythéisme est constituée par le phénomène d'importation dû à l'intervention des conquérants.

A) Les dieux du panthéon classique

On constate que la plupart des dédicaces trouvées en Franche-Comté s'adressent à des divinités au nom purement romain, à Jupiter tout naturellement (une dans le département du Doubs, à Mandeure), à Mars (une dans le département du Doubs, à Besançon, trois ou quatre dans le Jura à Villars d'Héria), à Mercure, à Mercure et Apollon conjointement (plusieurs exemples dans la région de Besançon),