Couverture fascicule

Tétramorphes romans en Provence rhodanienne

[compte-rendu]

Année 2010 168-4 p. 379
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 379

Moyen Âge

TéTramorphes romans en provence

rhodanienne. – À l’inverse des cloîtres et des façades, l’intérieur des églises romanes de provence est souvent dépourvu de sculptures, en raison de l’absence de chapiteaux, remplacés généralement dans cette région par de simples impostes, une pratique que victor Lassalle, fin connaisseur de la question, identifie comme une règle inspirée de l’observation des monuments antiques. aussi les figures du Tétramorphe étudiées par l’auteur dans les Mémoires de l’Académie de Vaucluse, peu connues parce que n’occupant pas le devant de la scène, présentent-elles un intérêt particulier. ce thème se retrouve, en effet, dans dix-sept églises, toutes situées dans la provence rhodanienne, et, à deux exceptions près, sur la rive gauche du fleuve. pour quatorze d’entre elles, ces sculptures revêtent en outre la particularité d’être logées dans les trompes soutenant la coupole qui s’élève au-dessus de la croisée du transept. dans deux cas seulement, à l’église de saint-Trinit et à la cathédrale de saint-paul-Trois-châteaux, elles sont reportées dans la nef, mais toujours disposées selon un plan carré. il s’agit donc là d’un ensemble homogène et bien spécifique, puisqu’il «n’existe pas d’équivalent, à la même place, dans les églises d’autres régions » , sauf à sant’andrea de verceil, dont le caractère provençal des chapiteaux a naguère été souligné. identifiés dès le iie siècle par irénée de Lyon comme les symboles des évangélistes et considérés comme les piliers de la foi chrétienne, ces figures des Quatre animaux, en raison de leur localisation particulière entre nef et choeur, entre ciel et terre, revêtaient sans aucun doute une forte charge symbolique dans le microcosme que constitue l’église. Toutefois, c’est une approche typologique qui retient l’auteur. Trois types de représentations sont ainsi dégagées, selon que les figures se présentent de profil (viviers, saint-marcel-lès-sauzet, Graveson, marseille, Le Thor) ou de face (aix-enprovence, saint-Laurent-des-arbres, avignon, vaison-la-romaine), ou encore qu’elles se lovent dans les trompes jusqu’à en couvrir entièrement la surface (carpentras, apt, cavaillon, venasque, malaucène). L’analyse de chaque figure, précise et minutieuse, permet de faire ressortir les parentés entre certains monuments et d’identifier des mains. sur le plan chronologique, elle conduit l’auteur à supposer que le Tétramorphe d’avignon est postérieur à celui d’aix-en-provence et à se demander si cela ne doit pas s’appliquer à l’édifice tout entier. L’étude comparative met enfin en évidence, nonobstant la forte cohésion de l’ensemble, l’esprit de variation à l’oeuvre chez les sculpteurs romans, qui sans pouvoir renouveler entièrement un thème figé dans ses principales caractéristiques, donne à chaque exemplaire son originalité. Le dernier exemple commenté, celui de l’église de caromb, bien que n’appartenant plus à la période romane mais au xive siècle, n’en est pas moins remarquable. Qualifié de «pastiche » , il suit en effet les caractéristiques formelles romanes en s’inspirant du modèle d’aix-en-provence. il apparaît comme le dernier témoin d’une tradition fortement ancrée dans une région qui manifesta longtemps sa réticence à l’importation des formes gothiques venues du nord. – victor Lassalle, «Tétramorphes oubliés, représentations sculptées inédites ou peu connues des symboles des évangélistes sous les coupoles de quelques églises médiévales de vaucluse (xiie-xive siècles) » , Mémoires de l’Académie de Vaucluse,

9e série, 2007, t. 5, p. 25-64, 29 fig. martine Jullian épiGraphie eT arT roman. – À partir d’exemples divers, empruntés à la sculpture monumentale, la peinture murale et l’orfèvrerie, le propos de neil stratford est d’illustrer, dans un bel article offert à Walter cahn, ce que l’épigraphie peut apporter à l’histoire de l’art médiéval. en préambule, il distingue cinq fonctions possibles des inscriptions. La première est d’affirmer en quelque sorte le parfait achèvement de l’oeuvre, sans autre utilité pratique, comme semblent l’indiquer les très nombreuses inscriptions illisibles in situ. elles peuvent aussi servir à désigner un personnage, un lieu ou une scène, ou alors indiquer, souvent par des citations, le contenu (reliques, par exemple) ou la fonction de l’oeuvre elle-même (citation de mathieu 16,13-16 pour un reliquaire du Kunstgewerbemuseum de Berlin représentant l’église du christ). elles nomment parfois le donateur (ce qui peut être très utile en fournissant un terminus ante quem pour l’oeuvre concernée) ou le maître d’oeuvre ou une dédicace. enfin, ce peuvent être des épitaphes. L’auteur examine ensuite les inscriptions versifiées proprement dites. Leur appréhension est parfois gênée par le non respect de la présentation par vers, des erreurs de copies de la part de sculpteurs illettrés. a contrario, l’emploi d’abréviations lorsque l’espace vient à manquer tend à indiquer que le graveur maîtrise l’écriture. Une autre difficulté provient des libertés prises avec la prosodie classique. parfois, au contraire, la prosodie permet, par déduction, de compléter des inscriptions lacunaires. sur la question de la diffusion des inscriptions, on connaît quelques anthologies, mais parfois aussi l’inscription composée pour un monument particulier était recopiée sur un manuscrit puis reprise sur d’autres oeuvres. neil stratford souligne, enfin, que certaines inscriptions, véritables poèmes, ne sont pas de simples légendes mais qu’elles éclairent véritablement l’oeuvre qu’elles ornent. il cite notamment, à ce sujet, un poème à la gloire d’henry de Blois, évêque de Winchester, cernant deux plaques émaillées conservées au British museum. au fur et à mesure de la présentation des exemples cités, neil stratford montre avec quelle prudence ces inscriptions parfois erronées – interversions de l’artiste, inscriptions ultérieures fautives, etc. – sont à utiliser. – neil stratford, «verse " tituli " and romanesque art » , Essays in honor of Walter Cahn, edited by colum hourihane, 2008, p. 136-153. Laurence cabrero-ravel À propos de ciTaTion oU d’imiTaTion dans L’archiTecTUre GoThiQUe, Les coLLé-GiaLes sainT-UrBain de Troyes eT sainTpierre-

aUx-Liens de mUssy-sUr-seine. – dans un article récent, isabelle isnard revient 379 Chronique CHRONIQUE