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Desoille (P.). — Introduction à une psychothérapie rationnelle. Paris 1955

[compte-rendu]

Année 1955 8-12 p. 736
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I

analyses i bibliographiques !

DESOILLE (P.). — Introduction à une psy¬ chothérapie rationnelle. Paris 1955, L’Arche

édit., 159 pp.

Pour M. Desoille, la psychothérapie ration¬ nelle est celle qui repose sur une base phy¬ siologique. Cette formule est suffisante pour situer la position fondamentale, du techni¬ cien du «rêve éveillé ». M. Desoille est un représentant moderne d’un courant de pen¬ sée qui a connu son apogée au xixe siècle : le scientisme. D’après cette conception, la psychologie, qui n’est pas une science auto¬ nome, ne peut devenir scientifique qu’en s'alignant sur la physiologie. L ’explication en tout cas, réside dans l’application d’un modèle neuro-physiologique aux faits cli¬ niquement observés. Ajoutons que le mo¬ dèle adopté par M. Desoille dans ses tra¬ vaux est actuellement, à l’exclusion de tout autre, la réflexologie.

Dans une première partie de son ouvrage, partie qui ne compte pas plus d’une soixan¬ taine de pages, l’auteur commence par reje¬ ter en bloc l’apport de la psychanalyse à la psychologie théorique et à la psychothé¬ rapie. Disons rejet plutôt qu ’examen criti¬ que. C’est là une méthode à laquelle les adversaires de la psychanalyse nous ont habitué de longue date. Sont successivement rejetées, sous l’inculpation générale de «contraires aux faits » les notions de refou¬ lement, de censure, d’expression symboli¬ que, de processus inconscient (G. Politzeu, qui est souvent cité, voulait, lui aussi, faire une psychanalyse «sans inconscient »). Puis vient 1� totir de la théorie freudienne de l’oubli, du contenu latent. Enfin, c’est toute la théorie psychanalytique des névroses qui est précipitée dans cette hécatombe. Cela nous parait un peu expéditif.

Puis l’auteur expose que la vraie théorie des névroses est celle de Pavlov. Le mo¬ dèle physiologique, c’est la névrose expéri¬

mentale conditionnée chez le chien. L’au¬ teur ne semble pas s’être demandé si ces expériences n’exigeaient pas une interpréta¬ tion en des termes autres que réflexologi-ques. Pas un instant non plus il ne se demande si la névrose expérimentale du chien est une névrose, au sens où nous la voyons et décrivons en clinique psycholo¬ gique humaine. C’est ainsi, selon nous, que les intentions en apparence les plus «scientifiques » se prêtent parfaitement à masquer les analogies les moins certaines.

La méthode du rêve éveillé, selon M. De-soru.K, est pleinement validée par les re¬ cherches de Pavlov et les travaux de phy¬ siologistes et psychiatres soviétiques contem¬ porains, conduits dans la même perspective pavlovienne. La méthode thérapeutique qu’il préconise apparaît comme une psycha-gogie basée sur le concept de décondition¬ nement. Le ressort de cette méthode est la suggestion qui se ramène en définitive, comme il est classique de le dire, à l’auto¬ suggestion (pp. 64-65).

La deuxième partie de l’ouvrage est une contribution du Dr J. Delattre. Cet-auteur rapporte le traitement d’une tachycardie psychosomatique (les auteurs soviétiques di¬ sent : cortico-viscérale ) par la méthode du rêve éveillé. Le Dr Delattre décrit 11 séan¬ ces d’un traitement qui en a comporté eu tout une vingtaine. Une telle guérison, ob¬ tenue en six mois, est sans doute présentée intentionnellement ici, en raison de son caractère spectaculaire. Toutefois, la dis¬ cussion du cas n’est ni assez détaillée, ni assez approfondie, pour apporter une contri¬ bution vraiment nouvelle à la pathogénie, à la thérapeutique et à la théorie des pro¬ cessus et des troubles psychosomatiques.

J.-P. VALABREGA.