Maryse Carraretto Vanessa Doutreleau
«Le temps n''est plus le même »
Garein, dans les Landes, sept ans après Klaus
Il y a un peu plus de sept ans, le 24 janvier 2009, la tempête Klaus faisait une entrée pour le moins fracassante sur les terres des Landes1 et dans leur histoire. De mémoire d''homme, on n''avait entendu souffle si fort ni vu dégâts si importants depuis des décennies. Les tempêtes Lothar et Martin, survenues pourtant dix ans plus tôt, en 1999, avaient certes fortement marqué les esprits, mais dans une moindre mesure car elles étaient passées un peu plus au nord du département des Landes. Quant aux tempêtes et autres fléaux (incendies, vagues de criquets) plus éloignés dans le siècle et dans l''histoire, s''ils ont bel et bien existé, et ont laissé des traces dans les archives et coupures de journaux, ils ont été relégués au fin fond des mémoires, quand ils n''ont pas tout simplement été oubliés. C''est, comme l''écrit Martin de la Soudière, un invariant du récit post-événement : «pour interpréter ce qui nous arrive lors d''un événement climatique exceptionnel, nous le situons bien souvent par rapport à d''autres plus anciens. Celui qu''on vit est toujours pire que ceux vécus auparavant – ou du moins différent, spécifique 2 » . Comme le notent également Christine Bouisset et Jean-Yves Puyo, un événement succède à l''autre, et, «à l''instar des réactions observées en 1999, chacun de ces événements semble avoir surpris la population par son intensité, détrônant tour à tour dans la mémoire collective l''épisode précédent : “ De mémoire, on n''avait jamais vu notre région assaillie par un vent pareil qui n''a cessé de souffler avec une rage et une force incroyables” (Le Républicain landais, 25 février 1915) 3 » . Mais, ainsi que le met en avant François Hartog dans ses travaux, l''expérience d''un événement puis le récit de cet événement modifient la perception de l''événement lui-même. C''est donc aussi que l''expérience modifie le rapport au temps, aux articulations du passé, du présent et de l''avenir et à la mémoire collective4. Il n''en reste pas moins qu''en quelques heures la moitié du massif a été secouée par des rafales de vent de 130 à 150 km/ h. 42,5 millions de m3 33
