Couverture fascicule

Le viol n'est pas une pratique sexuelle

[article]

Année 1997 11 p. 7
Fait partie d'un numéro thématique : Dossier special sexe
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 7

Dira no la vlal est n acta saxaal c'ast cararaa frawar aialai'ii avac na clé à maletta at aaaalar ça "taira Ce la micaalaia".

Quand dans une célèbre scène d 'Autant en Em¬ porte le Vent , Rett Butler emmène par la force Scar¬ lett O’Hara dans sa chambre, ce n'est pas pour passer une délicieuse nuit d'amour, c'est plutôt pour cal¬ mer cette furie qui se croit tout per¬ mis, qui l'humilie avec son caractère un peu trop indépendant, et qui se refuse à lui. On ne peut même pas trouver 1' "excuse" à ce galant homme d'être en manque, car on sait très bien qu'il se console sans vergogne avec Blanche Watkins, la matrone du bordel du coin, qui, elle au moins, est une femme comme il faut, compréhensive, maternelle, pas exigeante (son seul défaut est d'être une prostituée !). Alors il va lui faire voir de quel bois il se chauffe à cette impertinente Scarlett : c'est lui le chef, c’est lui qui décide, il va bien lui rabattre son caquet.

Qui est assez stupide pour voir der¬ rière ce viol un simple désir sexuel d'un homme pour sa compagne ? Il est clair que comme tous les viols, celui-ci a pour unique but la dé¬ monstration du pouvoir et de la do¬ mination des hommes sur les femmes.

Le plus pervers est que le viol est apparemment justifiable, puisque dans l'exemple que nous avons pris, c'est une Scarlett radieuse qui se ré¬ veille le matin, apparemment heu¬ reuse d'avoir été domptée de la sorte. Rett avait bien raison de la maltraiter, ça lui a fait du bien à cette garce prétentieuse ! On ne va tout de même pas montrer une femme éplorée, au bord du suicide, cela tendrait trop à prouver que le violeur est un salaud, et qu'il devrait avoir des remords. Non voyons, s'il la baise, c'est pour son bien, et elle doit lui en être reconnaissante.

Bien sûr Autant en Emporte le Vent est un film des années 50, mais les choses n'ont pas vraiment évolué. Dans combien de films voit-on une

femme résister, puis céder sous la pression physique (une femme qui résiste est sans doute un puissant aphrodisiaque pour le désir mascu¬ lin) et découvrir qu’elle est heureuse de ce qui vient de ce passer ? Dans un des fameux films "érotiques" que diffuse la chaîne M6 le di¬ manche soir, on voit une femme en déshabillé seule dans sa chambre, elle se regarde dans la glace, et tout à coup, un homme entre par la fe¬ nêtre et la viole. L'acte terminé, il repart aussi sec. Cette scène cho¬ quante est symptomatique de la vi¬ sion que la société a des relations sexuelles : l'homme se sert, la femme n'est qu'un trou disponible. Combien de fois n'a-t-on pas vu un homme excité par la résistance d'une femme ("que tu es belle quand tu es en colère !"), et révulsé par une femme qui veut clairement le mettre dans son lit. Ce qui compte, c'est de prouver que c'est l'homme qui doit décider.

Des études américaines portant sur les viols sur les campus montrent l'énorme pression subie par les gar¬ çons (notamment au sein des frater¬ nités) qui, pour être bien vus, doi¬ vent "se faire" le plus possible de filles. Cela s'appelle "scoring", mar¬ quer des points. Pénétrer une femme, c'est marquer un point, comme au sport, comme à la chasse, comme à la guerre. Cette immonde idéologie est partout ren¬ forcée, dans la pub, la littérature, la bande dessinée, le cinéma, les ar¬ ticles de journaux, etc... qui présen¬ tent des femmes offertes et des hommes dominants. Les hommes croient que tout leur est permis (d'ailleurs toutes les femmes ne por¬ tent pas plainte, alors bon nombre de violeurs n'encourront même pas de sanction...) Pourquoi se gêner ?

Alors non, le viol n'est pas une af¬ faire de sexe, il utilise le sexe à d'autres fins : humilier, rabaisser, dominer les femmes.

Sandrine

Dira no la vlal est n acta saxaal c'ast cararaa frawar aialai'ii avac na clé à maletta at aaaalar ça "taira Ce la micaalaia".