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Transmission de l'angoisse indicible et transgénérationnel. Souvenir d'un traumatisme qu'on n'a pas vécu

[article]

Année 1996 49-423 pp. 288-297
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Page 288

BULLETIN DE PSYCHOLOGIE Tome XLIX -N ° 423

Transmission de l’angoisse indicible et transgénérationnel

Souvenir d’un traumatisme qu’on n’a pas vécu

A. ANCELIN SCHUTZENBERGER

Les ouvrages princeps sur l’angoisse sont, en dehors de ceux de Soren Kierkegard, Kafka, Goldstein, Freud, L’Angoisse de Juliette Bouto-nier (sa thèse de doctorat -1945, écrite en 1943) The Meaning of anxiety, (1950) de Rollo May. Ces deux auteurs dont j’ai eu l’honneur et le plaisir d’être l’élève et de compter parmi leurs amis ont lutté, l’un et l’autre, contre une maladie gravis¬ sime en leur temps, le cancer et la tuberculose, qu’ils ont surmontée après avoir ressenti au plus profond de leur être et traversé l’angoisse, et le traumatisme de se savoir atteint d’une maladie à risque mortel, avec peu de chances de «s’en sortir ». Et qui ont ensuite vécu pleinement, exercé la psychanalyse, enseigné à l’Université et écrit jusqu’à plus de 80 ans.

Ils nous montrent ce qu’est l’angoisse, le trau¬ matisme de la confrontation journalière avec la mort, comment on peut vivre après une perte vitale, comment vivre au jour le jour le bonheur de se découvrir vivant le matin au réveil, même avec l’épée de Damoclès au dessus de sa tête. Ils racontent comment on retrouve de nouvelles for¬ ces de vie, de ressourcement, de plaisir à être, et comment peut se faire et se vivre le sursaut de survie, et comment se déclenche le ressort invisible (G. N. Fischer : Le Ressort invisible : Vivre l’extrême) après avoir vécu sa propre finitude, et la confrontation avec la mort probable, proche ou imminente.

Fort de leur expérience, et de constatations cli¬ niques récentes, nous voudrions aborder un nou¬ veau problème : la transmission transgénération¬ nelle d’angoisse réellement vécue par un mem¬ bre de sa famille il y a 30, 50, 100, 125 ans, à

un descendant. Etudions le vécu d’événements traumatiques indicibles qu’on a pas vécu person¬ nellement, — mais qui ont été vécus par des mem¬ bres de votre famille des générations précéden¬ tes — qui y ont, ou pas, survécu.

Freud et Groddeck, Nicolas Abraham avec Maria Tôrôk, Ivan Boszormenyi-Nagy, Françoise Dolto, et leurs élèves, ainsi qu’éventuellement des élèves de Jung (dont Ira Progoff), nous serviront de guide, ainsi que mon expérience clinique du transgénérationnel, depuis une dizaine d’années (Aïe, mes aïeux ! liens transgénérationnels, secrets de famille, syndrome d’anniversaire — 3e éd. rev. oct. 1994).

Pour poser le problème prenons quelques exemples cliniques :

Françoise mène une vie professionnelle active et travaille dans la relation d’aide à autrui (en l’occurrence, elle s’occupe de jeunes enfants et d’enfants en difficulté). Elle a une trentaine d’années. A l’âge de 24 ans, (l’âge auquel elle croit que sa grand-mère, résistante, a été déportée) elle fait une crise gravissime d’anorexie, et «tombe » au faible poids qu’avait sa grand-mère en dépor¬ tation pendant la guerre (la grand-mère est reve¬ nue de Buchenwald en 1945).

Françoise fait une psychothérapie en province, reprend du poids et du «poil de la bête », et une vie normale. Elle s’aperçoit alors qu’elle a fait cet épisode à l’âge auquel elle croyait que sa grand-mère avait été déportée et non à son vrai âge. Mais en fait, sa grand-mère — déportée et reve¬ nue des camps de concentration — n’a pas été déportée à 24 ans, mais son inconscient familial le croyait.

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