Albert Sorel. L'Europe et la Révolution française. Sixième partie : La

Trêve. Lunéville et Amiens , 1800-1805. Paris, Plon-Nourrit, 1903. In-8-,

527 p.

Le sixième volume de M. Albert Sorel commence au lendemain du coup d'Etat de Brumaire pour se terminer à la bataille d'Austerlitz. Il comprend trois parties : le traité de Lunéville, le traité d'Amiens et sa rupture, la for¬ mation de la troisième coalition et la guerre jusqu'à Austerlitz. Le sous-titre, la Trêve, énonce l'idée essentielle du livre : qu'entre l'Europe et Bonaparte continuateur de la Révolution, il n'y a pas eu de paix durable, que les traités d'Amiens et de Lunéville, dans la lutte de la Révolution et de l'Europe, n'ont été que des temps d'arrêt, des accords sans lendemain, et qu'il devait fatalement en être ainsi. Comment les traditions, les passions et les intérêts qui ont rendu toute entente caduque jusqu'en 1800 (c'est le sujet des cinq premiers volumes de M. S.) vont entraîner aussi bien l'Eu¬ rope que Bonaparte à dénouer des ententes d'un moment, tel est le sujet de cette sixième partie.

L'ouvrage s'ouvre par un double tableau : situation de la Révolution vis-à-vis de l'Europe, de l'Europe vis-à-vis de la Révolution dans les premiers jours du Consulat. Du côté français, Bonaparte regarde comme une con¬ dition de son prestige et de son affermissement de replacer la France, à qui les victoires de Brune et de Masséna ont rendu ses frontières de 1795, dans sa position de 1798, c'est-à-dire de s'assurer de la Hollande, de l'Ita¬ lie et de la Suisse. Il ajoute au programme du Directoire la suprématie de la France dans la Méditerranée, qui est liée à la conservation de l'Egypte. Pour l'application du programme, il en revient aux moyens classiques, l'alliance avec l'Espagne, les négociations avec la Prusse. Cependant, dès le début de son Consulat, s'esquisse dans son esprit un dessein qui fut pendant une année sa préoccupation essentielle : l'alliance russe contre l'Angleterre. En face de Bonaparte continuant la Convention et le Direc¬ toire, M. S. nous montre l'Europe continuant la succession d'Espagne et les coalitions de 1793 à 1798, la Russie détachée de l'Autriche et irritée contre l'Angleterre, mais encore loin d'une entente avec la France, l'An¬ gleterre poursuivant avec obstination le programme de Pitt, d'abord la conquête de Malte et l'expulsion des Français d'Égypte, puis un soulève-