Revue des Études Byzantines 74, 2016, p. 327-359. doi : 10.2143/ REB. 74.0.3189081 © Peeters Publishers, 2016. Tous droits réservés. Le bain des femmes et la santé dans l’Antiquité tardive À propos de la situle en alliage cuivreux du Musée Rezan Has à Istanbul

Brigitte Pitarakis Dans le cadre de l’exposition sur l’art de la guérison à Byzance que nous avons organisée au Pera Museum à Istanbul en 2015, nous avons réuni deux situles en alliage cuivreux du 6e siècle, respectivement conservées au Musée archéologique d’Istanbul et au Musée Rezan Has, de la même ville1. L’intention était de mettre en parallèle le pouvoir bénéfique du rituel chrétien de la bénédiction des eaux et les voeux de santé exprimés sur des ustensiles de bain et de toilette. Les deux situles portent chacune une inscription grecque qui court le long de la lèvre. La première est une formule votive suggérant que la pièce était destinée à un usage ecclésiastique, tandis que la seconde est un voeu de santé adressé à une dame. Notre étude portera d’abord sur la situle du Musée Rezan Has, que nous placerons dans son contexte artisanal, avant de nous pencher sur les coutumes et superstitions liées au bain et à la toilette des femmes dans l’Antiquité tardive. Cette approche nous amènera à élargir l’inventaire, déjà esquissé par Annewies Van den Hoek, Denis Feissel et John J. Hermann, des inscriptions formulant des voeux de santé sur des objets à caractère apotropaïque, notamment les bijoux, en vue d’apporter un éclairage nouveau2.