Les Antilles et la Revue d’histoire des colonies

(1913-1958)

Danielle BÉGOT *

Dès sa première année de parution, la Revue de l’histoire des colonies françaises s’intéresse aux Antilles, du moins et presque exclusivement aux Antilles anciennement (Saint-Domingue, Saint-Christophe) ou encore possessions françaises (Guadeloupe, Martinique), et ne cesse de manifester cet intérêt à travers ses différents changements de nom. C’est une attention normale, pourrait-on penser, parce qu’elles ont constitué la part capitale du premier empire colonial français, plus importantes même que les autres possessions, puisque par le traité de Paris Louis XV préfère abandonner le Canada aux Anglais et garder les riches possessions antillaises et que Napoléon Bonaparte, tout en choi¬ sissant de vendre la Louisiane aux Etats-Unis, envoie l’expédition de Victor-Emmanuel Leclerc pour reconquérir Saint-Domingue. Pour¬ tant, pendant de longues années, peu de choses transparaissent dans la revue de ce passé qui à un moment a beaucoup compté dans l’histoire nationale. Sans doute les années de célébration de l’empire, entre l’exposition coloniale de 1931 et le Tricentenaire du rattachement des Antilles à la France, de 1935, s’accompagnent-elles d’une plus grande attention aux «petites colonies d’Amérique. » 1 Globalement, la place des Antilles y reste modeste, du moins jusqu’aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, où la parution des premiers numéros spé¬ ciaux qui leur sont dédiés consacre le changement qui intervient dans la perception de l’histoire de ces colonies, devenues depuis 1946 départe¬ ments d’outre-mer : d’objet politique, leçon ambiguë pour l’empire, elle commence à prendre une dimension scientifique qui, jusque là, lui faisait cruellement défaut.