Couverture fascicule

Albert Schweitzer, Straßburger Vorlesungen. Werke aus dem Nachlass, Munich : Beck, 1998

[compte-rendu]

Année 2000 75-2 pp. 274-275
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PARMI LES LIVRES

ETR

Albert Schweitzer, Strafiburger Vorlesungen. Werke aus dem Nachlass, Munich : Beck, 1998. 760 p. ISBN 3-406-41171-1. DM 138.

Il faut le redire : les études «schweitzériennes » n’en sont qu’à leur début. Chaque nouvelle publica¬ tion posthume des écrits restés inédits modifie nos perspectives sur l’en¬ semble et étend considérablement le chantier. Nouveaux matériaux, nou¬ veaux terrains, nouvelles pistes, nou¬ veaux labyrinthes... C’était déjà le cas de Reich Gottes und Christentum (1995) qui nous révélait une œuvre composée en trois volets, un triptyque : Jésus, Paul et la généalogie de cette idée de Royaume de Dieu, perçue au cœur du christianisme et comme son moteur en quelque sorte. C’est le cas maintenant de ce 2e vol. des œuvres posthumes (8 sont pro¬ grammés, moitié théologie, moitié philosophie, jusqu’à l’an 2002), les Strafiburger Vorlesungen -recueil de notes et textes des cours que le Privat-dozent (maître de conférences) S. avait donnés à l’Université de Strasbourg pendant dix ans, de 1902 au semestre d’hiver 1911-1912, avant de se prépa¬ rer au départ pour Lambaréné.

Cela commence tout naturellement par le texte de sa leçon inaugurale, pré¬ sentée le 1er mars 1902. Elle portait sur «le Logos comme idée spéculative dans le 4e Évangile ». Quand on sait que S. a par la suite toujours privilégié les recherches sur les Évangiles synop¬ tiques, considérés dans leur valeur his¬ torique, il est intéressant de le décou¬ vrir confronté à un thème contraire et mettant en évidence justement ce côté spéculatif et métaphysique de la pensée religieuse que, pour sa part, il écarte au profit des données de l’histoire. N’est-il pas significatif que le réalisme, bien connu, et l’historisme empirique de S. s’expose ainsi dès son entrée dans la... carrière théologique ?

Il confia plus tard, dans Ma vie et ma pensée , chap. 4, qu’il aurait bien voulu, «au cours d’un congé futur, après deux ans de travail en Afrique », mettre la dernière main à une Histoire de la cène et du baptême à l’époque du christia¬ nisme primitif, mais que la rédaction de sa Philosophie de la civilisation l’en détourna, de sorte, dit-il, que «mon étude resta à l’état de manuscrit pour mes cours ». On a cru que ces manus¬ crits étaient perdus. La fille de S., M"* Rhéna Schweitzer-Miller, les a re¬ trouvés (25 paquets) en 1989, dont ces «Recherches sur le baptême » (Arbeiten über Taufe), qui font 200 p. dans l’édition que nous présentons. Baptême et cène apparaissent comme constitutifs (institutifs) de la religion chrétienne en ses origines et en son his¬ toire entière ; il ne s’agit pas tant de dé¬ gager et révéler leur sens général, an¬ thropologique, ou leur «symbolique » que de retracer l’histoire de leurs trans¬ formations, de leur progressive chris¬ tianisation au sein des communautés de l’Église («die einsetzende und fort-schreitende Verchristlichung der Taufe »). L’approche de S. n’est pas phénoménologique, mais «généalo¬ gique », au sens de Nietzsche et de Foucault. Le secret d’une institution est dans sa tradition, la contingence de son histoire. Il faut apprendre à se contenter de ces explications-là. S. est, en théolo¬ gie, historien de bout en bout. Aride. Nullement spéculatif. Voilà sa force, et aussi ses limites.

Vu la division du travail universi¬ taire, le jeune Privatdozent a été d’abord, au semestre 1902-1903, voué à donner une série de cours sur les épîtres catholiques de Pierre, Jacques, Jean et Jude (Kolleg über die katholischen Briefe). Anecdote : le Parisien qu’il fut souvent à cette époque (pour ses cours d’orgue auprès de Ch.-M. Widor et ses concerts) a si¬ gnalé en français, sur la première page du manuscrit, qu’il en a préparé l’intro¬ duction (130 p.) à Gunsbach en sep¬ tembre 1902 et qu’il l’a «rédigée d’un

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