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A. TOURNAY

Les régulations organiques et l’affectivité

Régulation en eau

I. — Introduction

Tous les organismes vivants, même ceux adaptés à la vie terrestre, sont constitués d’élé¬ ments qui, enclos dans la protection tégumen-taire, vivent de la même façon que ceux des animaux aquatiques. C’est ce qu'a reconnu Claude Bernard en inaugurant la notion de milieu intérieur. Et chez ceux des animaux qui se sont, comme il disait, perfectionnés à la vie indépendante, celle-ci a pour caractéristique la «fixité » du milieu intérieur en homéothermie.

Au maintien de la vie, ainsi définie, est indis¬ pensable, au premier chef, la régulation en eau, pour concourir à l’établissement des «constances » fondamentales.

Cette régulation est assurée, à la base, par des moyens qui satisfont à ce qui est reconnu et déterminé comme besoin de l'organisme en eau, dans des conditions qui sont du ressort de la Physiologie.

Mais un appel de ce besoin est donné des profondeurs, sous forme de besoin éprouvé, par un signal, la soif, qui se développe par des mécanismes propres, indépendants de ceux de la faim, dans des conditions qui sont du ressort de la Psycho-physiologie.

II. — Physiologie du besoin d’eau

L'eau en elle-même, d'après les détermina¬ tions qui ont été faites, est en volume et en poids le constituant principal de l'organisme : environ 60 %, au total 75 % dans le sang.

Mais, qu’elle soit stable ou circulante, l'eau n’est, nulle part à l’état pur. Elle entre partout dans la constitution de liquides organiques, dans la constitution du protoplasme des cellu¬ les et de leur structure, partout en tant que solvant et vecteur de substances en solution.

C'est dire qu’elle entre en jeu pour parti¬ ciper à tout un ensemble de processus physico¬ chimiques : ionisation, isotonie, équilibre acide-

base, pression osmotique par électrolytes et colloïdes.

Solvant des électrolytes, au premier rang le chlorure de sodium ; vecteur des colloïdes et, aussi, des substances alimentaires rendues assimilables et de l’oxygène, pour les réactions finales de métabolisme au sein des éléments des tissus ; vecteur des résidus de ce méta¬ bolisme jusqu’aux lieux d’élimination : poumons pour l’acide carbonique, reins pour l’urée et autres dérivés. Et, surtout et partout, grâce à sa bonne conductivité à la chaleur, vecteur de ce qui est engendré par la calorification orga¬ nique.

Mais, à cette participation à la régulation thermique, dans ce qui concerne la thermo-génèse, s’ajoute celle concernant la thermolyse, grâce au refroidissement engendré par son éva¬ poration.

La solution aqueuse, par son isotomie dans le milieu intérieur sanguin et aussi lympathi-que, permet les équilibres d’où procèdent les constances.

Mais, entre ces deux champs à régime de «constances », éléments des tissus, cellules dans leurs membranes et milieu intérieur dans les parois vasculaires, se place une quantité va¬ riable d'eau dans des liquides interstiels et même en réserve, notamment dans les fines mailles du tissu conjonctif qui s’étale sous la peau et sert de revêtement aux muscles et, dans les interstices, aux faisceaux musculaires.

C'est là une sorte de «volant d’eau » qui, dans les cas d’urgence, permet de parer à la menace que causerait une dilution catastrophi¬ que du sang avec chute de pression.

La formation de cette petite réserve ne comp¬ te guère pour déterminer, par un bilan, le be¬ soin de l'organisme en eau, encore moins, ce qui pourrait être fourni de l’intérieur par les combustions ; ce qui compte, c'est l’appel qui doit être fait au secours venant de l'extérieur.