Les sons du pouvoir dans les mondes anciens, 167-187

Les sons du pouvoir dans les mondes anciens Des cris à la Curie : les acclamationes senatus

de la Vie de Commode dans l’Histoire Auguste

Le nom latin adclamatio1 avait un sens plus large et recouvrait une gamme de situations plus étendue que celles auxquelles s’applique aujourd’hui son dérivé français : il désignait non seulement les cris d’approbation dont on saluait un personnage ou un événement, mais aussi les réactions positives ou négatives suscitées par un orateur, et même les clameurs hostiles ou critiques d’une foule et les revendications qu’elle présentait2. Il ne s’agissait pas toujours de manifestations spontanées d’émotion collective. Les acclamations, considérées comme un ingrédient indispensable de la plupart des manifestations publiques, rythmaient les fêtes religieuses comme les rassemblements séculaires. Attestées dès l’époque républicaine dans la vie politique, leur recours tendit à s’institutionnaliser sous l’Empire ; elles devinrent notamment un moyen de communication privilégié des Romains avec leurs gouvernants3. L’empereur s’attendait au théâtre ou dans le Cirque à être accueilli par des clameurs de soutien et d’allégresse, mais surtout à se voir présenter des requêtes sous forme exclamative qu’il se devait d’écouter. Si l’on en croit