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Maziane Leila, Salé et ses corsaires (1666-1727). Un port de course marocain au XVIIe siècle. Caen, Presses Universitaires de Caen, 2007

[compte-rendu]

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BCAI 25 71 III. Histoire

Maziane Leila,

Caen, Presses Universitaires de Caen, 2007, 366 p. ISBN : 978-2841332823

Le livre de Leila Maziane sur les corsaires de Salé au xviie siècle (1666-1727), paru dans les publications des universités de Rouen et du Havre, est à l’origine une thèse de doctorat en histoire soutenue à l’Université de Caen en 1999, sous la direction du professeur André Zysberg. Un bel ouvrage de 366 pages, illustré de plans, de cartes, de graphiques et de tableaux. Cette recherche a été menée à partir des sources documentaires aussi bien locales qu’européennes ; elle s’appuie aussi sur une bibliographie exhaustive et spécialisée. D’un point de vue méthodologique, le travail allie l’analyse qualitative et quantitative d’un phénomène souvent confiné dans sa perception et la terminologie servant à son étude, aux appréciations événementielles et idéologiques. L’ouvrage est composé de dix chapitres, regroupés autour de trois grands axes : les conditions de la réussite de la course salétine, les moyens matériels et humains qui ont permis cette réussite et les résultats économiques de l’activité corsaire. La première partie examine les conditions de l’émergence de la course dans la ville de Rabat/ Salé. La mise en perspective historique de l’activité corsaire sur les côtes atlantiques marocaines depuis la fin du Moyen Âge permet à l’auteur de reconstituer les différentes phases de l’activité corsaire marocaine à l’époque moderne et de bien mettre en valeur la période centrale de son étude (1666-1727). La course ibérique a généré des réactions locales et un contrearmement corsaire. La crise du commerce saharien et l’effritement des pouvoirs politiques au Maroc ont fait de l’ouverture sur l’économie atlantique une nouvelle réalité pour les régions côtières. L’abandon de plusieurs présides par les Portugais a libéré les potentialités maritimes de la côte marocaine. Salé peut maintenant disposer de toute une série de ports d’appui pour mener à bien ses activités corsaires. La réussite de Salé s’explique par le fait d’avoir su faire de l’embouchure du Bou-Regreg un port défendu non seulement naturellement par la barre atlantique, mais aussi par les fortifications qui surplombent le port, celles de Salé le vieux et de Salé le neuf, en rapport avec tout le système défensif côtier. Cette ville bicéphale a vu son dynamisme s’accroître grâce à l’afflux des expulsés morisques et le développement de son caractère cosmopolite.

Salé, une ville corsaire, façonnée par la course et vivant d’elle, s’est donné les moyens aussi bien matériels qu’humains de cette réussite. C’est l’objet de la deuxième partie de cette recherche. L’ «espace de parcours » des Salétins s’étendait depuis les Canaries jusqu’en Islande et ricochait sur les côtes aussi bien européennes, africaines qu’américaines. Il s’appuyait aussi sur le chapelet de ports marocains, La Mamora, Azemour, Fédala…, qui servaient de lieux de refuge pour les corsaires en cas de besoin. Les Salétins, plus que les Algérois et les autres corsaires maghrébins, se sont adaptés à l’Atlantique en adoptant les vaisseaux et la voile pour leur marine. Une flotte, alimentée en partie par la construction navale locale et surtout par les prises faites sur les Européens et quelques achats de bateaux aux Nordiques, avait atteint son apogée entre la fin du xvie et le milieu du xviie siècle. Cette flotte avait des équipages qui venaient de toute l’Europe au début, puis, imperceptiblement, les éléments locaux devinrent majoritaires. Parmi ces hommes, certains ont eu de grands destins, comme Abdallah ben Aïcha et d’autres… Autre élément marquant de cette flotte, qui était aussi un reflet de l’évolution de l’ensemble de la course regreguienne : surtout privée au début du xviie siècle, elle devint de plus en plus étatique ensuite, pour être un quasi monopole sultanien au début du xviiie siècle. Dans la troisième partie de son travail, l’auteur essaye de mesurer les résultats de l’activité corsaire de Salé. La course étant une activité de la belle saison, tout comme la guerre maritime, elle a ses propres rythmes et ses zones de chasse. Les corsaires de Salé avaient des zones d’action proches : côtes ibériques, Açores, Méditerranée. Ils eurent à leurs actifs des opérations parmi les plus étonnantes de la course maghrébine. Ils atteignirent les îles Féroé et l’Islande. Ces campagnes avaient un double sens. En premier lieu, elles constituaient une manière de peser sur les relations avec les pays européens. Pour le Maroc, c’était une manière de vouloir infléchir les rapports diplomatiques avec les Pays européens qui lui étaient souvent défavorables. En deuxième lieu, elles étaient censées montrer à ces mêmes pays que le royaume avait une capacité de frappe militaire, même ponctuellement. Par ailleurs, les razzias et les captures en haute mer rapportaient un butin économique appréciable. Le mérite de ce travail réside aussi dans sa démonstration que la course à Salé était devenue un secteur d’entraînement économique, créant non seulement une économie portuaire, mais aussi un pôle dynamisant l’arrière-pays de la ville. En plus des activités directement liées à la mer ou induites, la course créait à Salé tout un commerce des prises

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