XXIIIe Congrès international d'Histoire de l'Art

(Grenade, 3-8 septembre 1973)

Lors de sa séance du 5 octobre 1972, la Classe des Beaux-Arts voulut bien me confier la charge de représenter l'Académie royale de Belgique à ces assises, tenant compte non seulement de ma qualité de délégué de la Belgique au Comité international d'Histoire de l'Art, mais encore de l'importance de Grenade au double point de vue de l'histoire de l'art international et, en particulier, de l'histoire et de l'art de notre pays.

En effet Grenade fut, après le puissant califat de Cordoue, le siège de la dynastie musulmane des Nazarites et, en réalité, le dernier bastion arabe en Europe. Ce ne sont plus des philosophes ou des médecins qui y brillèrent, mais des hommes de guerre plus habiles pour les coups de main cruels que pour une vigou¬ reuse stratégie et surtout des artistes raffinés qui transformeront la citadelle de la rouge Alhambra, pointe avancée de la Sierra Nevada délimitée par les vallées profondes du Darro et du Genil, en une succession de palais à l'architecture dépouillée mais aux murs et aux voûtes riches d'un décor linéaire fait de stucs, de marbres, de bois précieux, de céramiques. Après la forteresse abandonnée de l'Alcazaba, à l'intérieur des murailles flanquées de dizaines de tours, les palais où les salles de repos et de réception se succèdent, s'inscrivent dans les tours ou s'ordon¬ nent autour de patios abondamment fleuris et animés de jets d'eau, depuis le Mexuar jusqu'au jardin du Generalife.

En 1492, année de la découverte des Amériques, les Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, para¬ chevèrent la Reconquistà commencée huit siècles plus tôt en repoussant les troupes musulmanes au delà de la Méditerranée. La prise de Grenade, dernière capitale arabe en Europe, est rappelée encore chaque année, car la cloche de la tour de la Vela, à la proue de l' Alhambra, sonne du Ier au 2 janvier en souvenir

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